C’est en 1856, sur le plan de Charles Knab, que le mot « place » est mentionné pour la première fois à cet endroit, encore quasiment vierge de constructions. Cependant, le projet des autorités ne prendra corps qu’une trentaine d’années plus tard.
La place de l’Ouest, ainsi nommée en raison de sa situation par rapport au centre de la ville, est acquise par la commune en 1889 et nivelée l’année suivante dans le but d’y établir un nouveau marché. En effet, la place Neuve (l’actuelle place du Marché) ne suffit plus à assurer l’approvisionnement de la ville en pleine croissance.
L’année 1899 voit la plantation d’arbustes en bordure de la place et la pose d’une fontaine. C’est sans doute peu après que la photographie a été prise. Le marché couvert prévu ne verra jamais le jour. Il aurait pourtant protégé efficacement acheteurs et marchands des rigueurs du climat montagnard.
La place de l’Ouest, délimitée par deux axes longitudinaux (rue du Parc, rue Jardinière) et deux axes transversaux (rue de l’Ouest, rue du Docteur-Coullery) n’est encore qu’un vaste plan incliné entouré d’une rangée d’arbustes plantée depuis peu. Une vespasienne trône au premier plan à droite, près de la rue de l’Hôpital, future rue du Docteur-Coullery.
L’étendue du marché montre l’importance de cette forme de commerce, qui complète l’offre des nombreuses boutiques de la localité. Les denrées sont présentées en vrac, principalement dans des sacs et des paniers d’osier. Quant aux abris de toile, ils ne diffèrent guère de ceux qui sont utilisés de nos jours.
La photographie livre une vision résolument urbaine de ce quartier constitué de stricts alignements de bâtiments locatifs. Les piétons en tenue citadine sont nombreux et les seuls véhicules sont des chariots.
Dans la seconde moitié du 19e siècle, La Chaux-de-Fonds s’est muée en une véritable métropole horlogère. Sa population avoisine 35000 habitants en 1900 et les magasins de la rue Léopold-Robert rivalisent avec ceux des principales villes du pays. Le nouveau visage de la cité attire une foule de visiteurs : hommes d’affaires, participants à l’une ou l’autre grande fête, voire touristes. Il séduit aussi les photographes, dont les témoignages se multiplient.
Albert Schönbucher édite un bon nombre de cartes postales, sans doute réalisées à partir de ses propres clichés. Certaines portent même une inscription publicitaire vantant le « bazar » qu’il exploite à La Chaux-de-Fonds.
La place est transformée en parc public en 1924 puis modifiée en 1933-1934 pour servir de place de jeux, le tout dans le cadre des travaux d’occupation des chômeurs. L’inauguration du bronze monumental d’André Huguenin-Dumittan baptisé « Maternité », le 7 juillet 1934, constitue le point d’orgue de l’aménagement du lieu.
Barrelet, Jean-Marc et Ramseyer, Jacques, La Chaux-de-Fonds ou le défi d’une cité horlogère 1848-1914, La Chaux-de-Fonds : Ed. d’En Haut, 1990.