Né au Locle, Grosclaude s’installe à Paris dès 1805 pour apprendre son métier de peintre dans l’atelier de Jean-Baptiste Regnault avant de suivre les cours de l’Ecole des Beaux-Arts.
Relativement à l’aise, il ne se presse pas d’exposer au Salon de Paris avant 1827, année où il présente un Groupe de buveurs qui retient l’attention du public et qui lui vaut un certain succès d’estime. Il obtient en 1835 une médaille de 3ème classe, suivie d’autres dans les années suivantes, ce qui lui permet de devenir un peintre de genre et de portrait apprécié par la cour de Louis-Philippe.
Il devient aussi membre de l’Académie royale de Berlin, sa peinture rencontrant de fervents admirateurs tant en Prusse qu’en France sans oublier sa patrie d’origine. Cependant, suite à la Révolution de 1848, sa vie devient plus difficile et troublée comme l’attestent les courriers de son fils Frédéric Grosclaude à l’administration des Beaux-Arts.
Cette aquarelle très fraîche et peinte avec minutie, présente un vieil homme en train de boire un verre de vin rouge. Devant lui, une assiette en terre contient le brouet qu’il déguste ; une bouteille, évidemment sans étiquette, lui permet d’étancher sa soif. La forme du flacon témoigne d’une origine neuchâteloise ou bourguignonne ; chacune de ces régions ayant adopté cette typologie de bouteille. Il est intéressant de relever que le vin rouge était nettement moins courant que le vin blanc dans nos régions et que les vins en bouteilles étaient considérés comme des vins de qualité.
A Neuchâtel, jusqu’à la fin du 19e siècle, les vignes entièrement complantées en rouge étaient rares. La plupart du temps, les parchets recelaient prioritairement des ceps de blanc au milieu desquels croissaient des plants de rouge. Toutefois, dès les années 1820, certains propriétaires comme les Bovet d’Areuse, développent la culture de cépages rouges, favorisant l’essor du pinot noir au détriment des gros plants, à savoir des cépages que l’on pourrait associer au gamay ou au gouais. Il faut dire que le goût des amateurs change et que ceux-ci cherchent à obtenir plus de rouge que précédemment.
Grâce à l’amélioration des techniques de vinification, par exemple la découverte des chapeaux flottants pour permettre une cuvaison des raisins rouges sans encourir les risques d’une piqûre acétique, ou le procédé de Mlle Gervais qui favorise le travail de vinification des rouges, il est désormais possible d’obtenir des vins rouges qui ne sont plus a priori des clairets ou des œil-de-perdrix ou des vins dont on a forcé la couleur en y ajoutant quelques gouttes de raisin Teinturier. Les propriétaires peuvent désormais offrir à leur clientèle de purs pinots bien colorés et les différencier des rosés qu’on appelle dans le Pays de Neuchâtel, dès 1860, œil-de-perdrix.
Ceci a contribué sans conteste au fait que l’encépagement du vignoble neuchâtelois s’est peu à peu modifié et que la part de pinot noir s’est peu à peu développée si bien qu’aujourd’hui, elle est supérieure à l’encépagement en Chasselas traditionnel.
Allanfranchini, Patrice, Les vins de Neuchâtel et l’étiquette, Neuchâtel: Nouvelle revue neuchâteloise, no 51, 1996.
Opuscule sur la vinification, traitant des vices des méthodes usitées pour la fabrication des vins, et des avantages du procédé de Mademoiselle Elizabeth Gervais, brevetée du gouvernement par ordonnance de Sa Majesté Louis XVIII pour la même fabrication, Montpellier: Tournel, 1820.
Opuscule sur la vinification… Suivi des lettres de M. le Comte François de Neufchateau et de M. le Comte Jean-Antoine Chaptal… à Melle Élisabeth Gervais, sur l’importance dudit procédé, Montpellier: Tournel, 1820. 2e édition parue la même année que l’originale
Quelques œuvres de Grosclaude qui témoignent de son intérêt pour des amateurs de vin:
– Groupe de buveurs, Salon de 1827
– Un buveur, Salon de 1833
– Intérieur de cabaret, Salon de 1833
– Un buveur, Salon de 1865
Le Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel conserve une toile d’un Buveur de Grosclaude.