Les troupes napoléoniennes capitulent devant Paris au printemps 1814. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III saisit l’occasion de récupérer son ancienne possession neuchâteloise. La passation de pouvoir et la mise sur pied d’un bataillon recruté dans la Principauté s’organisent alors que Berthier, maréchal de Napoléon, en est toujours le prince attitré.
Sous l’impulsion de Jean-Pierre de Chambrier d’Oleyres, le Conseil d’État décide de restaurer le roi de Prusse en tant que prince de Neuchâtel le 25 janvier 1814, à huis clos, au numéro 13 de la place des Halles. Une délégation neuchâteloise rencontre ensuite Frédéric-Guillaume III et son chancelier, le baron de Hardenberg, à Bâle. Le roi de Prusse aura tôt fait de regagner son influence, malgré la distance, à travers la nomination de Chambrier d’Oleyres au poste de gouverneur provisoire.
Le gouverneur provisoire, Chambrier d’Oleyres, annonce au peuple neuchâtelois la mise sur pied d’un bataillon au service de Prusse. Le placard est daté du 11 juin 1814. Le prince Berthier a abdiqué… huit jours plus tôt !
La levée d’un bataillon neuchâtelois au service du roi est évoquée par une lettre du baron de Hardenberg datée du 14 mars 1814 adressée au gouverneur provisoire. Il est alors convenu de « ne pas [y] donner de publicité ».
Hardenberg confirme la volonté du souverain de mobiliser un « bataillon de tirailleurs de 400 hommes du pays » dès le 19 mai. Frédéric-Guillaume III envoie alors une missive à Gustave de Meuron, futur commandant du bataillon et ancien officier au service de Prusse. Datée du 24 mai 1814, elle détaille l’effectif du bataillon.
L’arrivée d’un officier prussien à Neuchâtel le 8 juin 1814 va précipiter les choses. Chambrier d’Oleyres convoque le Conseil d’État pour le lendemain. Celui-ci forme une commission chargée de la levée de la troupe. Dès le 11 juin, cette décision est communiquée au peuple neuchâtelois par le biais de l’affichette présentée.
Le bataillon est engagé sans combattre lors des Cent-Jours en 1815 et participe au service d’ordre lors des combats de rue à Berlin en 1848, année qui marque la fin du recrutement à Neuchâtel.
Vodoz, Eugène, Le Bataillon neuchâtelois des tirailleurs de la garde de 1814 à 1848, Neuchâtel, 1902.
Gugger, Rudolf, Neuchâtel et le service de Prusse au XVIIIe siècle : recrutement prussien et profil des Neuchâtelois dans l’armée de leur souverain, Mémoire de licence de la Faculté des lettres, Université de Neuchâtel, 1992.
Chambrier, Guy de, « Frédéric-Alexandre de Chambrier, historien et homme d’État (1785-1856) », in : Biographies neuchâteloises, t. 2, Des Lumières à la Révolution, Hauterive, 1998, pp. 74-79.
Jelmini, Jean-Pierre, 12 septembre 1814… et Neuchâtel devint suisse, Hauterive, 1989.
Oguey, Grégoire, Rodeschini, Christine (dir.), Gouverner à distance : Berlin-Neuchâtel, plaquette de l’exposition homonyme présentée aux Archives de l’État de Neuchâtel du 30 avril au 3 octobre 2013 (Inventaires et documents publiés par les Archives de l’État de Neuchâtel), Neuchâtel, 2013.