Né à Besançon en 1745, Pâris passe sa jeunesse à Porrentruy, où son père François l’initie au dessin. En 1760, il part à Paris. Il y suit des cours à l’Académie royale d’architecture et bien vite, il devient familier du célèbre architecte Louis-François Trouard. Grâce au parrainage de ce dernier, il est recommandé à l’intendant général des Bâtiments du roi, lequel lui octroie en 1771 une chambre au palais Mancini, résidence de l’Académie de France à Rome. Durant cette période faste, Pâris noue de nombreuses amitiés avec les pensionnaires.
De retour en France, il exécute diverses commandes, notamment pour le duc d’Aumont. Celui-ci lui obtient la place de dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi. En 1780, il devient membre de l’Académie royale d’architecture. Dès lors, grâce à ses relations, il prendra en charge de nombreux travaux : le château de Colmoulins, l’Hôtel-Dieu de Bourg-en-Bresse et l’hôtel de ville de Neuchâtel, des cabinets, des décors de théâtre, etc. La révolution va marquer l’arrêt de ses travaux d’architecture. Sous l’Empire, il retourne en 1806 à Rome, où le gouvernement impérial lui confie la direction de l’Académie de France, transférée à la villa Médicis. Collectionneur et passionné d’archéologie – il a rassemblé d’importantes collections de manuscrits, de dessins, d’objets et de sculptures antiques –, il participe aux fouilles du Colisée. Rentré à Besançon en 1817, il y meurt en 1819, non sans avoir légué ses collections à sa ville natale.
Pâris est représenté à mi-corps, sobrement vêtu, devant une tenture sombre ; sa tête, auréolée de cheveux blancs, est légèrement détournée. L’éclairage souligne non seulement le visage aux traits réguliers, mais aussi les mains, dont la finesse est particulièrement bien rendue. La posture est celle d’un homme opiniâtre, possédant une indéniable assurance et conscient de sa valeur. Derrière la tenture à demi tirée, une fenêtre s’ouvre sur la villa Médicis qu’il a dirigée. Pâris apparaît entouré d’attributs liés à ses activités comme à ses passions. Outre la villa Médicis, on aperçoit, à gauche, des livres illustrant aussi bien son savoir encyclopédique que son importante bibliothèque. Au premier plan, un livre ouvert, minutieusement peint, laisse deviner un dessin de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, dont Pâris, en tant qu’architecte des Économats, a achevé les travaux de réfection. Sous l’ouvrage, une feuille porte la mention École Françoise des beaux-arts à Rome, autre allusion à la villa Médicis. Sur le livre, quelques pièces de monnaie rappellent la richesse des médailliers du collectionneur, tandis qu’une petite coupe attique brisée évoque sa passion pour les objets antiques.
Joseph François Ducq, peintre d’histoire et de genre, né en pays flamand en 1762, fréquente avec succès l’Académie de Bruges, avant de devenir l’élève de Suvée à Paris. Un prix lui permet de séjourner à Rome, de 1807 à 1813 ; il deviendra alors peintre officiel à la cour d’Eugène de Beauharnais. Par la suite, il s’établira définitivement à Bruges comme directeur de l’Académie de peinture. On peut supposer que le portrait de Pâris, daté de 1812, fut réalisé à Rome, le peintre et son modèle y séjournant alors tous les deux.
Autant par la posture corporelle que par l’expression du visage de Pâris, le portraitiste prend le parti, mis en œuvre avec talent, de caractériser son modèle par le truchement des objets qui lui sont chers. Le tableau se lit ainsi comme un condensé pictural de ce que fut la vie de Pierre-Adrien Pâris.
Beuzelin, Cécile, « Une villa florentine à Rome », in : Villa Aperta, Milan : Electa, 2009, p. 49-55.
Champlin, John Denison (éd.), Cyclopedia of Painters and Paintings, New York : C. Scribner’s sons, 1913 [1887].
Le cabinet de Pierre-Adrien Pâris 2008 : Le cabinet de Pierre-Adrien Pâris, architecte, dessinateur des menus-plaisirs, Catalogue d’exposition, Musée d’archéologie et des beaux-arts de Besançon, Paris : Hazan, 2008.