Formé à Paris à l’Académie Julian dans les ateliers de Jules Lefèbvre (1836-1911) et Gustave Boulanger (1824-1888), Guillaume a développé un art proche de l’impressionnisme, voire parfois de l’expressionnisme qui reste à ce jour peu connu et prioritairement confiné dans la région de Saint-Blaise, Marin et Epagnier dont il fut le chantre. Ce peu de renommée est malheureux car les nombreux tableaux qu’il a signés sont à la fois bien construits et bien peints, montrant d’indéniables qualités picturales par leur harmonie et la maîtrise des couleurs apposées.
Dans un soleil couchant et rasant, la scène de vendanges que dépeint Guillaume présente au premier plan une vigne des coteaux de Saint-Blaise qui surplombent le Loclat, petit lac qui borde au sud le chemin qui conduit vers Cornaux, Cressier, Le Landeron. Au second plan, la scène embrasse le panorama qui s’étend du lac de Neuchâtel, dont les falaises sud sont baignées par la lumière du soleil couchant, vers Saint-Blaise mais surtout Marin dont le bâtiment du collège est reconnaissable.
La présence de cette construction, quoiqu’estompée, donne un indice pour dater ce tableau puisque cette école a été inaugurée le 11 juillet 1900. En revanche, l’absence du complexe des usines Martini bâti dès 1903 en donne un autre. En toute logique, on peut donc dater cette toile aux alentours de 1900.
Par la richesse de ses coloris, par la hardiesse de sa composition surtout dans l’interprétation du ciel et dans la maîtrise des tons, ce tableau est une œuvre méritoire. Au-delà de la valeur documentaire qui est la sienne, cette œuvre permet embrasser d’un seul regard un espace encore libre des constructions et des routes qui aujourd’hui le recouvrent presque complètement.
Allanfranchini, Patrice, La vigne selon Moscatelli, Hauterive : Editions Gilles Attinger, 2011.