Frédéric-Guillaume de Hohenzollern (1831-1888), futur empereur d’Allemagne sous le nom de Frédéric III, reçoit – comme tout enfant de son rang – une éducation militaire stricte. Mais il bénéficie également d’une éducation plus libérale.
L’éducation du prince est assurée dès 1834 par une gouvernante neuchâteloise, Eusébée Jacqueline Godet. Le fils de cette dernière, Frédéric Godet (1812-1900), devient quelques années plus tard le premier professeur du prince. Après des études à Neuchâtel et à Berlin, il est appelé en 1838 à la cour de Prusse comme chapelain du roi Guillaume Ier et précepteur de son fils.
Ce daguerréotype (l’un des premiers procédés photographiques inventé en 1839) nous montre le jeune prince (à droite) en compagnie de Rodolphe de Zastrow, petit-fils d’un ancien gouverneur de Neuchâtel. Vêtu simplement, les deux jeunes garçons posent dans une attitude détendue et relativement spontanée.
Loin des codes esthétiques du portrait officiel, cette photographie relève plutôt de l’intime et du quotidien. Destinée à un usage privé, elle laisse encore transparaître une certaine insouciance de la jeunesse. Elle a probablement été offerte à Frédéric Godet comme un souvenir de son royal élève.
Ce document rare témoigne de la renommée des gouvernantes et des percepteurs neuchâtelois auprès des plus grandes familles aristocratiques européennes. Les liens étroits existant entre Neuchâtel et Berlin seront mis à mal par la Révolution de 1848 et les événements de 1856.
Godet, Philippe, Frédéric Godet (1812-1900). D’après sa correspondance et d’autres documents inédits, Neuchâtel : Attinger Frères Editeur, 1913.
Hammann, Gottfried, « Frédéric Godet, professeur de théologie (1812-1900) », in : Biographies neuchâteloises, tome III, Hauterive : G.Attinger, 2001, pp. 142-148.
Müller, Frank Lorenz, Der 99-Tage-Kaiser : Friedrich III. von Preussen – Prinz, Monarch, Mythos, München : Siedler, 2013.