L’impression sur tissu a bénéficié des découvertes des chimistes. Après la phase des « alchimistes », les scientifiques découvrent les principes actifs dans les plantes. Parmi eux, il convient de citer un Neuchâtelois, Jean-François Persoz (1805-1868). Il devient professeur de chimie à Strabourg, puis à La Sorbonne à Paris. Une chaire de chimie appliquée à l’industrie est créée pour lui au Conservatoire national des arts et métiers. Il consigne en 1846 ses expériences et celles de ses confrères dans un traité en quatre volumes, recensant les « recettes » des indienneurs dont l’illustration présentée ici donne un exemple.
Cette succession de coupons donne l’ordre des phases d’impression du tissu à l’usage des indienneurs. La réalisation d’indienne passe par une suite de procédés : sur un tissu préalablement teint en rouge (obtenu par la garancine, principe actif de la garance, fixée par un mordant), on fait des impressions florales. On passe le tout dans une cuve qui atténue la couleur du semis (on parle alors d’enlevage). L’opération suivante permet de purifier la couleur blanche autour des fleurs avant de mettre un jaune lumineux. La dernière intervention consiste à ajouter du noir afin de donner du relief à la toile.
A l’aide d’un commentaire et de légendes, l’auteur décrit la procédure à suivre pour réaliser des pièces de tissu. Les indienneurs s’en inspirent. La connaissance de la chimie est devenue indispensable dans cette industrie. On découvre le principe actif des plantes (la garance contient de la garancine), remplacé ultérieurement par des éléments chimiques de synthèse (alizarine), développés dans les usines chimiques allemandes, qui rendent la culture des plantes désormais obsolète.
Traité théorique et pratique de l’impression des tissus, Paris, 1846, Volume III, pp. 424-428. La BPUN en détient un des rares exemplaires.
Jacqueline Brossolet, « Persoz Jean-François (1805-1868) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 décembre 2014.