Jacques-Louis de Pourtalès (1722-1814), neuchâtelois ayant fait fortune dans le commerce, décide en 1808 de fonder dans sa ville natale un établissement hospitalier privé dans le but de soigner au mieux les autochtones aux ressources modestes et les étrangers tombés malades en terre neuchâteloise. Il alloue la somme de 700’000 francs de France pour sa réalisation. Le nouvel hôpital est inauguré le 30 juillet 1811. Le soin des malades est confié dans un premier temps à des sœurs catholiques de l’Hôpital Saint-Jacques de Besançon.
Placé à l’écart de la ville, en bordure du lac dont on aperçoit les rives au premier plan, l’hôpital peut accueillir entre trente et quarante malades. Le bâtiment central est en forme de fer à cheval, agencé de manière simple et fonctionnelle, sans luxe inutile. La façade sud est sobre, régulière, presque sévère. Son toit est surmonté d’un clocheton. Les deux pavillons de part et d’autre de l’entrée servent respectivement de morgue et de buanderie. Ces bâtiments ont été conservés dans l’architecture du nouvel « Hôpital neuchâtelois – Pourtalès » inauguré en 2005.
Dû à l’initiative privée, l’hôpital Pourtalès marque une étape importante dans la médicalisation des hôpitaux à Neuchâtel. Il comble une lacune puisque l’hôpital de la Ville est encore à ce moment-là une institution à caractère caritatif accueillant surtout des vieillards, des incurables, des indigents et des pauvres de passage. L’hôpital Pourtalès, qui a pour but déclaré de recevoir les indigents affectés de maladies susceptibles de traitement et de guérison, inaugure donc à Neuchâtel une conception nouvelle de l’hôpital et préfigure la naissance de la médecine moderne.
Allanfranchini, Patrice, Pourtalès, une fondation au service d’un hôpital, Hauterive, Ed. Gilles Attinger, 2008.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècle d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 71 (notice 103).