Le développement des machines à vapeur s’étend aux transports fluviaux à la fin du XVIIIe siècle. En Suisse, c’est le Guillaume Tell qui inaugure en 1823 sur le lac Léman la navigation à vapeur. Trois ans plus tard, l’initiative d’Albert du Thon et de Ferdinand Picart permet le lancement de l’Union sur le lac de Neuchâtel. Le bateau relie Yverdon à Neuchâtel, puis Yverdon à Nidau, transportant aussi bien des passagers que des marchandises. Des problèmes techniques amènent la société qui l’exploite à cesser son activité en 1828.
Cette estampe présente l’Union de profil, permettant d’en distinguer clairement les caractéristiques. D’une longueur de 26,50 mètres pour une largeur de 6 mètres, l’Union peut accueillir jusqu’à 200 passagers. Un dais couvre le pont arrière, protégeant les passagers du soleil ou des intempéries. Sa chaudière entraîne une roue à aubes qui propulse le navire à la vitesse de 11 km/h. Une haute cheminée, maintenue par des câbles, permet l’évacuation de la fumée des machines sans incommoder les voyageurs. Un faible tirant d’eau de 60 cm seulement lui permet d’emprunter la Thielle et la Broye pour relier les lacs de Bienne et Morat. Placée à l’avant du bateau, une voile permet de suppléer à la vapeur en cas d’avarie mécanique.
Pionnier de la navigation à vapeur sur le lac de Neuchâtel, l’Union ne navigue que deux ans sur le lac de Neuchâtel. Après sa mise à quai, ses machines sont vendues en 1831 et le bateau restera longtemps à l’abandon dans le port d’Yverdon. Mais l’Union lance un mouvement qui se poursuit durant tout le XIXe siècle. L’échec de son exploitation, en effet, ne décourage pas d’autres entrepreneurs. En 1834, le chocolatier Philippe Suchard lance un nouveau bateau, l’Industriel, sur les eaux neuchâteloises. Dès le milieu du siècle, les sociétés et les bateaux se multiplient, les progrès techniques assurant plus de facilité et plus de sécurité. Le dernier bateau à vapeur, le Neuchâtel, est mis hors service en 1968.
Avolio, Bruno, « La navigation commerciale », in : Le lac de Neuchâtel, miroir d’une région, Ed. Attinger, 2004, pp. 186-202.
Tissot, Laurent, « L’eau, l’énergie et le travail », in : Le lac de Neuchâtel, miroir d’une région, Ed. Attinger, 2004, pp. 172-175.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècles d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 114 (notice 207).