Jusqu’au début du 19e siècle, la croissance urbaine de Neuchâtel se fait principalement sur les remblais du lac et en direction du faubourg de l’Hôpital. Toute la partie supérieure de la ville est encore recouverte de vignes. Mais la formidable croissance démographique de Neuchâtel dans la seconde moitié du 19e siècle (la population passe de 7000 à 21000 habitants entre 1850 et 1914) modifie profondément l’apparence de la ville. Bientôt desservis par les rues de la Côte, des Parcs et des Sablons, les hauts de Neuchâtel offrent de nouvelles perspectives à la construction. De nouveaux bâtiments s’y implantent, au détriment de la vigne.
Cette petite aquarelle inachevée de Jean-Henri Baumann représente le tracé de l’actuelle avenue de la Gare. Encadrée de hauts murs, cette rue étroite n’est encore bordée que de très peu de bâtiments. Sur la droite, la maison construite en 1853 pour F. Gagnebin (actuellement avenue de la Gare no 53) bénéficie encore d’un dégagement en direction du lac. Sur la gauche, au sud de la rue, aucun bâtiment ne gêne la vue vers la ville. Le Collège Latin, la tour de l’horloge de l’Hôpital et l’Hôtel de Ville sont bien visibles.
Les représentations de ce quartier avant 1860 sont rares, les maisons y étant peu nombreuses. Cette vue permet de se le représenter au début de son essor urbanistique, peu avant que la rue ne soit élargie une première fois en 1860, suite à la création de la gare. L’arrivée du train en 1859 et l’implantation de la gare aux Sablons crée en effet un nouvel axe de développement le long de la route menant des Terreaux aux Cadolles. La rue, qui s’est appelée d’abord « chemin des Rochettes », puis « route des Montagnes », sera encore élargie plusieurs fois entre 1869 et 1936.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècles d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 237 (notice 523).
Piguet, Claire, Inventaire Suisse d’Architecture, 1850-1920, Neuchâtel, Berne : Société d’Histoire de l’Art en Suisse, 2000, pp. 233-234.