Fils de réfugiés huguenots, Louis Bourguet (1678-1742) s’établit à Neuchâtel en 1715. Il a auparavant effectué sa scolarité à Zurich et fait de fréquents séjours en Italie. Il profite de ses voyages pour élargir ses connaissances, entrer en contact avec plusieurs savants et compléter sa collection d’ouvrages rares et de médailles. Ses recherches portent sur la linguistique, l’histoire des civilisations anciennes et les sciences naturelles. En 1731, il est nommé professeur de mathématiques et de philosophie à la nouvelle Académie de Neuchâtel. Il est le fondateur du périodique le Mercure suisse, devenu rapidement Journal helvétique. Son intérêt le pousse vers la géologie et il parcourt le Jura pour étudier la formation de ce massif. En 1742, l’année de sa mort, il publie le Traité des pétrifications.
Publié à Paris chez un éditeur célèbre, Briasson, le Traité des pétrifications rassemble sous forme épistolaire les travaux géologiques de différents savants sous la direction de Louis Bourguet. Pierre Cartier, Laurent Garcin et Abrahm Gagnebin collaborent à ce travail. L’ouvrage est illustré de planches gravées par A. L. Brandt qui présentent plus de 400 fossiles trouvés en Suisse. Chaque planche est accompagnée d’une notice explicative. Les auteurs affirment l’origine organique des fossiles, mais restent encore attachés au catastrophisme pour expliquer les grandes formations géologiques.
Le Traité des pétrifications dresse un état des connaissances et des recherches de l’époque dans les domaines de la minéralogie et de la géologie. L’ouvrage présente un certain nombre d’idées encore nouvelles, comme la reconnaissance du cristal, la distinction entre minéral, roche et pétrification, ou encore la classification des pierres selon leur origine. Sa parution fait date dans les régions francophones. Plusieurs savants français soutiennent sa publication, notamment René-Antoine Ferchault de Réaumur. Sa diffusion participe au rayonnement scientifique de Neuchâtel au XVIIIe siècle.
Schaer, Jean-Paul, « Louis-Bourguet, philosophe et naturaliste », in : Biographies neuchâteloises, tome 1, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1996, pp. 17-22.
Guillod, Nathalie ; Ackermann, Delphine, Louis Bourguet et le développement des sciences et de la philosophie à Neuchâtel dans la première partie du XVIIIe siècle, Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2002.
Ellenberger, François, « Louis Bourguet », in : Dictionary of scientific biography, vol 15, Supplement I, New-York : 1980, pp. 52-59.