Fils du commerçant international Jean-Jacques de Pourtalès, Frédéric de Pourtalès mène une carrière militaire au service de la Prusse. Durant la période napoléonienne, il est officier d’ordonnance, puis aide-de-camp du prince Berthier, avant de devenir écuyer de l’impératrice Joséphine. En 1811, il obtient le titre de comte. Après la chute de l’Empire, il revient à Neuchâtel avec sa femme Marie-Louise de Castellane, où il fait construire un luxueux hôtel particulier au Faubourg de l’Hôpital 21. C’est là qu’il organise, le lundi 26 septembre 1842, avec son frère Louis, la réception du roi et de la reine de Prusse, le troisième jour de leur visite dans la principauté. Pour l’occasion, Frédéric de Pourtalès fait édifier par l’architecte James Colin, à l’arrière de la maison, une salle à manger provisoire à même d’accueillir plus de 300 invités.
La salle à manger, vaste et haute de plafond, est richement décorée. Des guirlandes de lierres soulignent les encadrements et des dizaines de lustres illuminent la fête. Le roi et la reine sont placés au fond de la salle, afin que tous puissent les voir. Les tables des convives sont disposées perpendiculairement à celle du roi, dans l’espace central et dans les allées latérales. Plusieurs domestiques passent entre les tables pour servir les invités.
Afin que le plus grand nombre de personnes puisse profiter de la présence du roi et de la reine durant ce repas, deux services sont organisés : le premier à onze heures, le second, réunissant 300 autres personnes, à minuit. Ce banquet marque l’importance de Frédéric de Pourtalès, conseiller d’Etat honoraire, auprès du roi. Il accompagne d’ailleurs le roi dans ses déplacements et ses visites.
Les séjours du roi à Neuchâtel sont rares. La dernière visite officielle, en 1814, avait été brève. Celle de 1819 se fait incognito et à titre privé. Aussi la venue du roi en 1842 provoque de grandes espérances chez les royalistes neuchâtelois, dans un moment où les tensions entre républicains et loyalistes sont grandes. Auteur d’un Récit du séjour du roi et de la reine dans leur Principauté de Neuchâtel et Valangin, Alphonse Guillebert est persuadé que la bonté du roi a ramené l’unité chez les Neuchâtelois : « Espérons (…) que bien des hommes qui étaient égarés en politique, apprendront à apprécier des Souverains si dignes d’être aimés, et comprendront enfin qu’il n’y a plus d’espérance à concevoir pour les agitateurs. » Son souhait sera vite déçu : six ans plus tard, la République met fin au règne de Frédéric-Guillaume IV sur Neuchâtel.
Guillebert, Alphonse, Récit du séjour du roi et de la reine dans leur Principauté de Neuchâtel et Valangin, Neuchâtel : Prince Wittnauer, 1842.
Jelmini, Jean-Pierre, Neuchâtel 1011-2011, mille ans – mille questions – mille et une réponses, Hauterive : Ed. Attinger SA, 2010, pp. 406-407.