Le patinage s’est probablement développé dans le pays de Neuchâtel dans la seconde moitié du 18e siècle, avant de se populariser au cours du 19e siècle. Si le lac de Neuchâtel a pu servir exceptionnellement de patinoire au cours des hivers rigoureux de 1830 et 1880, c’est principalement sur les étangs et les petits lacs (Taillères, Brenets, etc.) que se développe ce nouveau loisir. Le Doubs a la particularité de geler régulièrement durant l’hiver et sert ainsi lui aussi de patinoire naturelle pour les sportifs du canton.
La foule s’est réunie sur la glace du Doubs durant l’hiver 1906. Le fleuve gelé accueille autant des patineurs s’adonnant à leur sport que de simple curieux venus là pour une ballade ou pour le plaisir de rencontrer du monde. Un petit édicule, installé sur la glace, permet de louer des patins. Sur l’extrême gauche de la photographie, on aperçoit la rive française et le bâtiment de l’Estrapade, sur la route des Combes.
Devant l’engouement suscité par le patin, les sites naturels ne suffisent plus. Certaines villes en sont par ailleurs éloignées. Les collectivités construisent donc des installations ad hoc mises à disposition des personnes intéressées durant tout l’hiver. En 1878, Neuchâtel inaugure 10’000 m2 de terrain nivelé et réservé aux patineurs dans le vallon des Fahys. Construit par l’ingénieur Guillaume Ritter, il s’agit d’un simple bassin en béton dans lequel se forme une couche de glace d’une épaisseur d’un mètre. Fleurier aménage également un espace au quartier des Sugits en 1881. La Chaux-de-Fonds implante en 1883 un espace de patinage à la rue du Collège. En janvier 1932, la première patinoire artificielle du canton est inaugurée à Monruz. Mais malgré l’aménagement de ces endroits spécifiques, lacs et rivières continuent à faire le bonheur des amateurs de patinage.
Klauser, Eric-André, Tourisme, sports et loisirs neuchâtelois à la Belle Epoque, de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle, Saint-Blaise : Ed. du Ruau, 1998, pp. 78-79.
Jelmini, Jean-Pierre, Neuchâtel 1011-2011, Mille ans – mille questions – mille et une réponses, Hauterive : Editions Attinger, 2011, pp. 369-370.