Dans le courant du 16e siècle, l’usage du coffre de mariage se répand dans le Pays de Neuchâtel. Ce coffre de bois sert à recueillir le trousseau de la mariée : linge de table, vaisselle précieuse et argenterie, nappes et serviettes trouvent place dans ce meuble dont l’emploi est très courant aux 17e et 18e siècles dans les familles bourgeoises. Le coffre peut aussi parfois cacher des papiers de famille et du numéraire. Ce meuble est le plus souvent offert par les parents de la mariée qui y apposent leurs armoiries. Ainsi, lorsque Suzanne Guy (ou Clerc-dit-Guy), fille de Pierre, procureur général de Neuchâtel et bientôt conseiller d’Etat, épouse en 1644 le capitaine Hans Ludovic Rougemont, elle reçoit de ses parents un coffre sculpté.
Le coffre est posé sur un socle orné de motifs végétaux. Le corps est constitué de trois panneaux sculptés. Le panneau central comporte une rosace. Les deux panneaux latéraux sont sculptés des armes des parents de la mariée. A gauche, les armes du père, Pierre Clerc dit Guy, sont surmontées des initiales de la mariée. A droite, les armoiries de la mère, Rose Baillods, sont accostées de deux roses qui rappellent son prénom. La date du mariage figure au bas des panneaux.
Beaucoup des coffres et des bahuts appartenant aux familles neuchâteloises relèvent de l’artisanat local. Bien que l’ébéniste ne laisse pas de marque ou de signature, une analyse stylistique permet le plus souvent de l’identifier. Les éléments décoratifs sculptés des panneaux sont le plus souvent reconnaissable. Ici, la rosace du coffre est un décor caractéristique de l’atelier Tissot-dit Sanfin, de Valangin.
Clottu, Olivier, Le coffre neuchâtelois, Neuchâtel : Cahiers de la Société d’histoire et d’archéologie du canton de Neuchâtel, 1986.
Fallet, Marius, « Les Tissot dits Sanfin, menuisiers, sculpteurs sur bois à Valangin et à Neuchâtel », Musée neuchâtelois, 1954, p. 80-81.