La Municipalité du Locle s’intéresse à l’éclairage électrique dès 1878, à l’instar de beaucoup de villes suisses, tout en faisant preuve de méfiance face à une technique nouvelle et encore mal maitrisée. Comme la concession de l’usine à gaz du Locle arrive à échéance, les autorités lancent en 1884 un appel d’offre pour « tout système d’éclairage » pouvant la remplacer. Après bien des hésitations, le Conseil général vote en février 1887 en faveur de la construction d’une usine électrique. Exploitant la cascade de la Rançonnière, l’usine électrique communale est mise en exploitation en avril 1890. Une fête d’inauguration a lieu le 15 juin 1890.
Les travaux d’installation de l’éclairage électrique sont terminés le 1er avril 1890. Le même jour, l’usine à gaz cesse son activité. Les ouvriers fêtent l’événement en pavoisant la ville. Sur la place du Marché, des mats supportant drapeaux et bannières sont dressées. La foule s’y réunit au son de la fanfare. Au centre de la photographie, une lampe à arc surmonte la fontaine décorée de festons.
L’abandon du gaz au profit de l’électricité suscite la curiosité de la population et des réactions contrastées. Si certains commentaires dans les journaux font part de leur déception en découvrant ce nouveau mode d’éclairage, d’autres se réjouissent de la marche du progrès. Ainsi, le Messager boiteux de 1891 s’enthousiasme lyriquement : « Aujourd’hui, ce Bied tant méprisé (…) a passé à l’état de soleil, et cet Apollon d’un nouveau genre verse des torrents de lumières sur ses détracteurs confondus. » L’éclairage des rues, des places et de plusieurs bâtiments particuliers de la ville se fait désormais à l’aide d’ampoules à incandescence, mais certaines restrictions sont encore d’actualité : afin de réaliser quelques économies, l’éclairage publique s’éteint pendant les jours de pleine lune.
Calame, Caroline, Les lumières de la ville, histoire de l’éclairage au Locle, Le Locle : Ed. G d’Encre, 2009.
Notice « La production électrique de la ville du Locle ».