Au début du 20e siècle, la ville de Neuchâtel change sous la poussée des milieux économiques et industriels : construction d’un observatoire, ouverture d’écoles spécialisées, etc. Le centre-ville se transforme pour répondre à l’essor commercial. Le rez-de-chaussée des immeubles accueille de plus en plus souvent des commerces et l’architecture répond à cette nouvelle fonction : la richesse ornementale des façades attire le regard des clients et les larges vitrines permettent de lui présenter la marchandise. Quelques rues du centre-ville conservent encore leur aspect ancien, comme la rue du Bassin, mais elles disparaissent peu à peu.
Située au sud du Temple du Bas, dont on aperçoit la façade sur la gauche, cette petite place présente en 1907 un aspect pittoresque. Elle est bordée de bâtiments hétéroclites – ateliers, maisons d’habitation ou remises – parmi lesquels figurent la menuiserie-ébénisterie de Jean Picco, ainsi que les « dépendances du Grand Bazar parisien » dont le magasin principal se situe à la rue de l’Hôtel-de-Ville. Au premier plan, abrités par un grand arbre, cinq chariots sont disposés en attente de leur utilisation.
Peu de temps après la prise de cette photographie, cet ensemble de bâtiments hétéroclites va disparaître. Un grand immeuble, mêlant locatif, bureaux et commerces, est construit en 1910 au no 12 de la rue Saint-Maurice. Les architectes Prince & Béguin se font les interprètes de la volonté des autorités d’embellir le centre-ville en régularisant les alignements des immeubles. Le Temple du Bas, dégagé, est ainsi mis en valeur, et la circulation s’en trouve améliorée. Le rez-de-chaussée du nouveau bâtiment, orné de grandes surfaces vitrées, permet d’accueillir des commerces.
Jelmini, Jean-Pierre ; Thomann, Charles, Le Pays de Neuchâtel hier et avant-hier, Lausanne : Payot, 1978, p. 50.
Piguet, Claire, INSA, Inventaire Suisse d’Architecture 1850-1920, Neuchâtel, Berne : Société d’histoire de l’art en Suisse, 2000, pp. 261.