Les premières brasseries semblent se développer dans le Pays de Neuchâtel vers la fin du 18e siècle. François Burgat, brasseur originaire de Montalchez, ouvre en août 1815 un établissement situé à l’Ecluse. La brasserie est reprise et développée par la suite par le capitaine Auguste Vuille. En 1863, elle prend le nom de Grande Brasserie et s’étend dans un nouveau bâtiment de l’autre côté de la rue. Six ans plus tard, la brasserie est organisée en société par actions. D’autres industries brassicoles ouvrent à cette époque, comme la brasserie Müller, fondée en 1861, qui s’installe à l’Evole à Neuchâtel, ou la Comète, créée en 1868 par la famille Ulrich à La Chaux-de-Fonds.
Le premier tiers de l’affiche est occupé par une jeune femme souriante, portant un plateau de chopes de bière. A droite, l’inscription en majuscule « Grande Brasserie Neuchâtel » donne la raison sociale de l’entreprise. Au-dessous, une vue présente le début de la rue de l’Ecluse, bordée par les édifices abritant la brasserie. Le bâtiment principal de la Grande Brasserie, construit en 1863, se profile sur la droite. Les cheminées fumantes insistent sur le caractère industriel de l’ensemble. Au fond de la rue, on aperçoit la station inférieure du funiculaire Ecluse-Plan. Sur la gauche, en arrière-plan, le château domine l’ensemble de la scène et permet de la situer. Le dessinateur a exagéré la largeur de la rue de l’Ecluse par une perspective généreuse.
Cette affiche cartonnée, probablement destiné à être accroché dans les cafés offrant la bière de la Grande Brasserie, témoigne de l’effort publicitaire entrepris par les industriels à la fin du 19e siècle. Si les innovations techniques facilitent la production, l’écoulement du produit se heurte à une forte concurrence, tant au niveau cantonal que fédéral, et pousse les entreprises à se faire mieux connaître des débits de boissons. Le recours à l’image permet de toucher plus efficacement les clients. Si l’affiche reste encore essentiellement informative, en montrant le site de production, l’émotion et la séduction sont créées par la présence de la serveuse.
Pasquier, Hélène, « La chasse à l’hectolitre » La Brasserie Müller à Neuchâtel (1885-1953), Neuchâtel : Ed. Alphil, 2001.
Piguet, Claire, INSA, Inventaire Suisse d’Architecture 1850-1920, Neuchâtel, Berne : Société d’histoire de l’art en Suisse, 2000, pp. 262-263.