Après la mort de Marie de Nemours, dernière descendante de la famille française des Orléans-Longueville, la principauté de Neuchâtel passe sous la domination des Hohenzollern. En 1707, Frédéric Ier, roi de Prusse, devient donc le premier souverain prussien de Neuchâtel. Ce changement de règne se répercute aussi dans l’iconographie de l’époque.
Cette carte géographique de Neuchâtel et Valangin a été exécutée précisément en 1707. C’est la reprise presque identique d’une autre carte, réalisée par le cartographe neuchâtelois David-François de Merveilleux en 1694. Mais elle porte les armes du nouveau prince, Frédéric Ier de Prusse.
Au premier coup d’œil, le lac attire l’attention. Le regard se tourne ensuite vers les montagnes et les forêts. Entre ces dernières, on distingue de nombreux toponymes et lieux d’habitat, villes, villages ou hameaux. Sur les bords de la carte apparaissent les noms des régions limitrophes de la Principauté : Bâle, Berne, Fribourg et la Franche-Comté.
Divers éléments aident le lecteur à comprendre la carte. En haut à gauche, une légende sommaire indique les symboles représentant les châteaux, villes ou églises. En bas à droite se trouve un panorama de la ville et du château de Neuchâtel : il s’agit d’une réutilisation de la première vue connue de Neuchâtel, réalisée en 1642 par Matthieu Mérian. En bas à gauche, le titre dit : « Carte géographique de la souveraineté de Neuchâtel et Valangin en Suisse ». Il est surmonté des grandes armes de Prusse.
Ces armoiries, symbole du nouveau prince, Frédéric Ier, sont l’unique modification apportée à la carte de Merveilleux et la seule mention directe de la nouvelle maison régnante. Elles ont remplacé celles de Marie de Nemours, dernière princesse de Neuchâtel de la maison d’Orléans-Longueville.
Quelques mots, discrètement placés hors du cadre, en bas à gauche, nous apprennent que cette carte a été produite à Berlin en 1707 par le graveur Heinrich Jacob Otto. Or, le roi de Prusse n’est devenu prince de Neuchâtel que le 3 novembre de cette même année. Frédéric Ier désire manifestement asseoir rapidement son pouvoir : en apposant ses armoiries sur une carte préexistante, il s’approprie le territoire qu’elle représente.
Graf, Johann-Heinrich, « Notice sur la plus ancienne carte connue du pays de Neuchâtel », Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, t. VII, 1893, pp. 5-30.
Knapp, Charles, « À propos des premiers cartographes neuchâtelois – Josué Perret-Gentil, le Père C. Bonjour, David-François de Merveilleux », Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, t. XXIV, 1915, pp. 24-41.
Oguey, Grégoire, Rodeschini, Christine (dir.), Gouverner à distance : Berlin-Neuchâtel, plaquette de l’exposition homonyme présentée aux Archives de l’État de Neuchâtel du 30 avril au 3 octobre 2013 (Inventaires et documents publiés par les Archives de l’État de Neuchâtel), Neuchâtel, 2013.
Schlup, Michel, Trésors de l’édition neuchâteloise, Hauterive : G. Attinger, 1981.
