Après la tentative avortée de révolution en 1831, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III tient à remercier les personnes qui ont manifesté, pendant cet événement, une fidélité sans faille à leur souverain et qui ont permis de vaincre l’insurrection républicaine. Un décret du 18 janvier 1832 institue une décoration qui leur est spécifiquement destinée. 7000 Neuchâtelois méritants reçurent une médaille.
Cette médaille en argent est suspendue à un ruban aux couleurs de la Prusse (noir et blanc) et de Neuchâtel (rouge et jaune). Elle porte à l’avers le chiffre du souverain Frédéric Guillaume III (FGIII) surmonté d’une couronne, ainsi que l’inscription « Fidélité au devoir et à la Patrie ». Au revers figurent les armes de Neuchâtel entourées d’une couronne de laurier et de chêne.
Cette décoration, portée de manière ostentatoire par une partie de la population, attise les passions politiques entre royalistes et républicains. En 1834, lors d’un cours d’instruction militaire fédéral à Thoune, les soldats neuchâtelois arborent cette médaille de fidélité sur leur uniforme, provoquant de vives protestations dans les troupes des autres cantons. La décoration, qui rappelle une victoire sur les partisans d’un resserrement des liens avec la Suisse, est en effet particulièrement mal venue au milieu des autres soldats confédérés. L’affaire occupa la Diète fédérale pendant près de trois ans. Cet incident rappelle l’incongruité de la situation de Neuchâtel à la fois canton suisse et principauté du Roi de Prusse entre 1815 et 1848.
Perrochet, E., « La médaille de fidélité de 1831 », Musée neuchâtelois, 1899, pp. 244-252, 276.