En 1347, le comte Louis de Neuchâtel (qui règne de 1343 à 1373) reçoit de Charles IV, roi des Romains, le droit de frapper des monnaies d’or et d’argent, ainsi que d’autres privilèges relatifs aux péages, à la justice, etc… Cette concession est confirmée en 1358. Le comte Louis frappe des deniers d’argent, mais n’a jamais émis de monnaies d’or. Les pièces ressemblent à celles de Lausanne qui circulaient alors à Neuchâtel. L’atelier neuchâtelois en a peu produit.
Seuls trois deniers du comte Louis sont actuellement connus. Ils portent à l’avers la façade d’un temple à cinq colonnes avec un double fronton triangulaire, entouré de l’inscription en lettres gothiques « Novi castri » (Nouveau château, Neuchâtel). Au revers, la légende « Ludovicus » (Louis) cerne une croix cantonnée d’une flèche barbelée et d’un besant.
Neuchâtel se situe à la frontière des pays romands et germaniques. Durant le 14e siècle, les comtes successifs de Neuchâtel tissent un réseau d’alliances avec les villes du plateau suisse : Fribourg (1290), Bienne (1295), Berne (1308), La Neuveville (1342), Payerne (1356), Soleure (1373) et Laupen (1377). Le mariage de Louis avec Jeanne de Montfaucon oriente par ailleurs Neuchâtel vers la Franche-Comté. Louis frappe des deniers biface au type du temple carolingien, à la suite de l’évêque de Lausanne. Il démontre ainsi ses rapports étroits avec l’aire économique des pays romands. Sous le règne de sa fille Isabelle, Neuchâtel émettra au contraire des bractéates, s’inscrivant ainsi dans l’influence monétaire du monde germanique.
Plancherel, Jean-Pierre ; Spoerri, Marguerite, « Deniers et bractéates des comtes de Neuchâtel au XIVe siècle », Revue Suisse de Numismatique, 1997, pp. 163-193.
Demole, Eugène ; Wavre, William, Histoire monétaire de Neuchâtel, Neuchâtel : Société d’histoire et d’archéologie, 1939, pp. 34-41, 267.
Montmollin, Jean de, « Notice sur les monnaies neuchâteloises », Musée neuchâtelois, 1870, pp. 112-122.
Notice « Bractéate de la comtesse Isabelle ».