Étouffée dès les années 1960 par le trafic routier, la ville de Neuchâtel réussit à éloigner les voitures du centre-ville en y créant une zone piétonne en 1979. Mais le problème du transit n’est pas résolu pour autant. Aux heures de pointes, de longues files de voitures se forment parfois jusqu’à Serrières ou Hauterive. La traversée de Neuchâtel par l’autoroute, dont les premiers projets datent de 1957, doit permettre de résoudre le problème. Pourtant, depuis 1960, plusieurs projets de transit voient le jour. Les oppositions, puis le choix des électeurs en 1971, qui rejettent deux tracés par le centre-ville et par le bord du lac, amènent le Conseil d’Etat à reprendre le projet en tunnels, écarté dix ans auparavant pour des raisons de coût. Le 18 juin 1993, la traversée en tunnels, reliant Serrières à Monruz, est inaugurée en grande pompe.
Alain Christen, correspondant de la Radio suisse romande à Neuchâtel, rend compte brièvement du déroulement des manifestations d’inauguration. Il évoque les discours des nombreux orateurs, qui ont retracé l’histoire de la réalisation du projet. Le commentaire est un instant interrompu par un coup de mine et le klaxon d’un camion qui renverse un mur de cartons. Un défilé de voitures anciennes inaugure les nouveaux tubes. Dans la soirée, les tunnels sont ouverts à la circulation.
L’achèvement des tunnels sous la ville de Neuchâtel marque une étape importante du réseau routier neuchâtelois. Ces 6,5 km d’autoroute permettent de canaliser un tiers des 26’000 véhicules qui traversent alors quotidiennement la ville. Mais si la cité est désengorgée, plusieurs chantiers sont encore en cours dans le canton. En 1994, c’est le tunnel sous la Vue des Alpes qui est à son tour inauguré. Reste à relier Neuchâtel au réseau autoroutier, tant du côté de Lausanne que de Bienne. Comme le dit Jean-Pierre Authier dans son discours d’inauguration, « sans ses jonctions vers Yverdon et Chiètres, la N5 évoque la Vénus de Milo privée de ses bras ! ». Malgré une intense activité politique auprès de la Confédération, appuyée le 25 novembre 1994 par une manifestation populaire à Berne, il faudra attendre 2005 pour que le tronçon Grandson – Areuse soit achevé.
Routes neuchâteloises, Hauterive : Editions Gilles Attinger, 1995. Neuchâtel.
Promenades sonores dans le temps d’une ville millénaire, archives radio publiées à l’occasion du Millénaire de la Ville de Neuchâtel. CD + livret de 32 pages. RTS 2011
