Au début du 20e siècle, l’industrie automobile est en pleine phase d’expansion. La France compte en 1900 près de 600 marques automobiles ; la Suisse en compte plusieurs dizaines, dont la plupart ne résisteront pas à la crise économique de 1907-1908 et aux séquelles de la Première Guerre mondiale. Dans le canton de Neuchâtel, plusieurs société voient le jour au début du siècle : la Société Neuchâteloise d’Automobiles à Boudry ou Ernest Zürcher à Saint-Aubin.
En 1903, la fabrique automobile Martini, créée par l’industriel thurgovien Adolf von Martini, ouvre une usine à Saint-Blaise, afin de pouvoir produire sous licence les châssis français Rochet-Schneider. Une centaine de châssis sont produit cette année-là à Saint-Blaise, 220 trois ans plus tard. La réputation de la marque Martini se développe, mais elle subit de plein fouet la crise de 1910. Au bord de la faillite, le constructeur parvient à redresser l’entreprise grâce à la sortie d’un nouveau modèle.
Dans le hall de l’usine déserté par les ouvriers, plusieurs dizaines de châssis en cours de construction (probablement du modèle « GC ») sont alignés sur trois rangées. Les châssis au premier plan ne sont pas encore équipés de pneus. L’éclairage zénithal, typique de l’architecture industrielle de l’époque, éclaire toute la scène.
La crise de 1910 qui touche la fabrique Martini ne sera pas la dernière. La vive concurrence qui règne dans le secteur automobile rend difficile la diffusion des voitures Martini, dont le coût de production reste élevé. Après avoir frôlé à nouveau la faillite en 1920, l’entreprise ferme définitivement ses portes en 1934.
Friedli, Raynald G., Automobiles Martini Saint-Blaise (Suisse), Saint-Blaise : R.G. Friedli, 1993.
Schmid, Ernest, « Martini 1903, 1905, 1908, 1912 et 1931 : F. Martini & Cie SA, 1897, Frauenfeld puis Saint-Blaise, Suisse », in : Musée de l’automobile, Martigny : Fondation Pierre Gianadda, 2004, pp. 85-101.
Friedli, Raynald, « Fabrique d’automobiles Martini (1903-1934) : production de 2000 véhicules à Saint-Blaise », in: Le Gouvernail, 1993, no 3, pp. 1-5.