Les idées humanistes du siècle précédent ont préparé les grands bouleversements des réformes protestante et catholique. Luther en Allemagne et Zwingli à Zurich donnent l’impulsion à ce changement religieux. A Neuchâtel, c’est Guillaume Farel (1489-1565) qui prêche les idées nouvelles. Il s’arrête d’abord quelques jours dans cette ville, en décembre 1529, avant de poursuivre sa route à Morat. Il revient à Neuchâtel en 1530. Ses prêches mènent au sac de la collégiale le 23 octobre 1530, puis au « plus » (vote) du 4 novembre de la même année. Une courte majorité donne la victoire aux réformés. La messe est désormais abolie en ville de Neuchâtel.
Guillaume Farel est représenté en buste, portant la barbe, vêtu d’un habit et d’un béret sombre, comme l’étaient souvent les réformateurs. Son visage se détache sur un fond noir. Sur la droite, une ouverture circulaire laisse entrevoir une représentation schématique de Neuchâtel, indiquant ainsi le lieu de son action. Un rayon de soleil provenant du ciel tombe sur la ville avec ces mots : « Mensis bis quinti coepit ter quintus et octo relligio et farell pastor hic intus erat » (Le 23 du 10e mois, la religion y commença et Farel y fut pasteur). Les majuscules figurant dans ce texte, additionnées selon les chiffres romains, forment la date clé de 1530.
Les représentations de Guillaume Farel ne sont pas très nombreuses et ce tableau, fortement restauré en 1914, est le seul qui fasse explicitement référence à l’action du prédicateur à Neuchâtel. Le texte du tableau renvoie d’ailleurs très clairement au sac de la collégiale et fait écho à l’inscription qui s’y trouve encore : « 1530, le XXIII d’octobre fut ôtée et abattue l’idolâtrie de céans par les bourgeois ». La vue de Neuchâtel, probablement inspirée par la gravure de Mattheus Merian, permet de dater l’ensemble de la seconde moitié du XVIIe siècle. Cette œuvre, peinte peut-être à l’occasion du 150e anniversaire de la réforme, témoigne de la considération portée à Farel dans la société protestante neuchâteloise.
Bachelin, Auguste, « Deux portraits de Farel », Musée neuchâtelois, 1865, pp. 217-219.
Léonard Limosin, « Une plaque en émail de 1546 représentant Farel? : considérations sur les présumés portraits de réformateurs », In: Cinq siècles d’histoire religieuse neuchâteloise : approches d’une tradition protestante : actes du colloque de Neuchâtel (22-24 avril 2004), Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2009, pp. 169-178.
Bourquin, Julien, « Les documents iconographiques : buste, portraits, images et médailles de Farel », in : Guillaume Farel 1489-1565, biographie nouvelle, Neuchâtel : Ed. Delachaux & Niestlé S.A., 1930, pp. 63-65.