A sa majorité en 1617, Henri II d’Orléans-Longueville hérite du comté de Neuchâtel jusqu’alors gouverné par sa mère Catherine de Gonzague. Il n’y séjournera qu’à trois reprises : d’octobre 1617 à janvier 1619, brièvement en 1639 et cinq semaines en 1657. Lors de ce dernier séjour, le 3 août, Henri II est invité par les autorités de la ville de Neuchâtel à un dîner à l’hôtel de ville, en réponse au repas qu’il avait lui-même offert auparavant. En guise de remerciement, il fait fabriquer un hanap d’argent portant ses armes. Soixante pistoles sont dévolues à ce présent qui est remis le 3 mars 1658 au Conseil de Ville. Les Manuels du Conseil de Ville précisent que ce don a été fait par Henri II pour « tesmoigner la joie et contentement qu’il a receu, tant par la reception qu’on a faicte a son arrivée en ses comtez, que pendant qu’il a esté icy, pour leur estre une marque de sa bienveuillance a nostre endroict, qui doit demeurer en nos memoires. »
Fabriquée en argent doré, cette coupe présente un vase en forme de fleur de lys à trois cornes. Le vase repose sur un pied à six lobes, dont trois comportent des inscriptions rappelant les circonstances du don de la coupe: « Son altesse a faict present de ce vase a sa ville de Neufchastel y etant lan 1657 ». Trois angelots en argent présentent respectivement les armoiries des Orléans-Longueville, de Valangin et de la Ville de Neuchâtel. Le couvercle forme la pointe de la fleur de lys. A l’intérieur se trouve un médaillon d’argent blanc représentant la tête d’Henri II. Autour du médaillon figure, en rond, l’inscription « HEN.DOR.D.DE.LONG.COM.DE.DVN.PRIN.SOV.DE.NEVF.ETC. » (Henri d’Orléans, Duc de Longueville, Comte de Dunois, Prince souverain de Neuchâtel, etc.).
Se basant sur les Mémoires du Chancelier de Montmolin, les historiens ont longtemps dressé un portrait idyllique du séjour d’Henri II en 1657 : le souverain, réconcilié avec ses sujets, s’y excuserait du conflit qui l’avait opposé aux bourgeois neuchâtelois en 1617. Il a été démontré depuis que ces mémoires sont un faux du XVIIIe siècle inventé par Abram Pury. La réalité est bien plus prosaïque. Henri II cherche toujours à limiter l’influence de la Ville de Neuchâtel et à rétablir son autorité seigneuriale auprès de ses sujets. Son séjour de 1657 sert d’une part à préparer le renouvellement de l’alliance entre les ligues et le roi de France, d’autre part à poursuivre les tractations commencées dès 1653 pour intégrer Neuchâtel dans la Suisse. Dans ce contexte, la coupe en argent offerte par Henri II n’est à considérer que comme un cadeau à caractère diplomatique, et non pas comme le signe d’une bonne entente retrouvée avec ses sujets.
Scheurer, Rémy, « Henri II d’Orléans-Longueville, les Suisses et le comté de Neuchâtel à la fin de la guerre de Trente Ans », in: 1648, die Schweiz und Europa : Aussenpolitik zur Zeit des Westfälischen Friedens, Zürich : Chronos, 1999, pp. 99-109.
Pury, Paul, « Jacques d’Estavayer », Musée neuchâtelois, 1930, pp. 211-215.
Roulet, Louis-Édouard, « Henri II d’Orléans-Longueville et le Pays de Neuchâtel au XVIIe siècle », Musée neuchâtelois, 1959, pp. 3-17.
Jeanjaquet, Jules, « Récit apocryphe et relation authentique du séjour d’Henri II de Longueville à Neuchâtel en 1657 », Musée neuchâtelois, 1939, pp. 123-133, 147-153.