Dans la nuit du 4 au 5 mai 1794, un terrible incendie ravage La Chaux-de-Fonds. Parti accidentellement de la cheminée d’une habitation, le feu se répand rapidement par l’explosion d’un baril de poudre placé à proximité du foyer. La proximité des maisons serrées les unes à côté des autres ainsi que les toits de bardeaux favorisent la diffusion rapide du feu dans l’ensemble du village. Seule la périphérie échappe à la catastrophe. 62 maisons sont détruites, de même que bon nombre des édifices publics : le temple, la cure, les salles de justice et l’école disparaissent dans les flammes. L’incendie ne fait pas de victime, mais plus de 170 ménages se retrouvent sans abri.
Les flammes et la fumée cachent presque complètement les maisons de La Chaux-de-Fonds, manifestant la puissance de l’incendie face auquel les faibles moyens de lutte contre le feu de l’époque sont impuissants. Il ne reste aux habitants qu’à tenter de sauver leurs biens en se rassemblant à l’écart du village. Cette vue gravée par A. L. Girardet est tirée des Etrennes ou Almanach moral pour 1795. Sur une même planche figurent La Chaux-de-Fonds avant l’incendie et la ville incendiée, marquant ainsi le caractère dramatique et irréversible de la catastrophe.
L’incendie de 1794 fait figure pour La Chaux-de-Fonds d’événement fondateur. Malgré une baisse momentanée du nombre d’habitants, l’incendie marque le point de départ d’un nouvel essor et constitue même un facteur de cohésion sociale. La nécessaire reconstruction est l’occasion d’élaborer de nouvelles normes permettant de lutter contre les incendies. Elle donne aussi naissance à une ville nouvelle, rationnelle, élaborée selon les plans en damier de Moïse Perret-Gentil puis de Charles-Henri Junod.
Cop, Raoul, Histoire de La Chaux-de-Fonds, Le Lole: G d’encre, 2006.
La Chaux-de-Fonds / Le Locle, Urbanisme horloger, Proposition d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, 2009, pp. 172-173.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome II, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1991, pp. 112.