Les premières dentelles apparaissent aux alentours du 16e siècle en Flandre et en Italie, puis en France et en Suisse au début du 17e siècle. Si la première dentelle, en lin, est encore relativement simple, les techniques évoluent assez rapidement et favorisent une production plus fine et plus distinguée. La dentelle est avant tout utilisée pour embellir les costumes ; pouvant se détacher du vêtement, elle possède un statut d’ornement. Elle est une parure masculine autant que féminine et métaphorise la richesse familiale.
Pour créer une dentelle, on utilise un outil appelé fuseau.
Le fuseau se compose d’une tige de bois, souvent taillée dans un arbre fruitier. Cette tige est sommée d’une bobine, sur laquelle on enroule le fil ; une tête, en haut, et un arrêt, en bas, empêchent que le fil ne se déroule. Afin de monter le fil sur le fuseau, on utilisait un bobinoir ; une petite machine à manivelle, très simple à utiliser.
Le manche jouxte l’arrêt. Sur certains fuseaux, comme le fuseau neuchâtelois, la tête se compose d’une entaille en forme de gorge. La dentelle se pratique sur un coussin, sur lequel on plante des aiguilles. Les fuseaux, accrochés à l’ouvrage, reposent sur le coussin.
Il existe plusieurs sortes de fuseaux et de coussins. À Neuchâtel, le travail de la dentelle était réputé pour sa délicatesse; il réclamait donc de petits outils. Ainsi, les fuseaux utilisés étaient très allongés et comportaient des gorges fines. À l’opposé, les coussins neuchâtelois étaient très larges ; ils permettaient d’étaler un grand nombre de fuseaux. La partie centrale du coussin est composée de trois parties amovibles qui sont déplacées et aménagées au fur et à mesure de l’avancée de l’ouvrage, permettant ainsi de créer des dentelles très longues.
Les outils indispensables à la réalisation de la dentelle ne nécessitaient aucun investissement conséquent ; on fabriquait les fuseaux à l’aide d’un bois local, et le coussin avec des ressources ordinaires. Quant au fil, il se procurait facilement. Peu coûteuse à la production, la dentelle fine se vendait à un prix très élevé. Cette plus-value extraordinaire justifie la faveur de cet artisanat à Neuchâtel : de fait, son importance dans l’économie locale a longtemps dépassé celle de l’horlogerie.
Fertiault, François, Histoire de la dentelle, Paris : Au dépôt belge, 1843.
Montandon, Marie-Louise, La dentelle de Neuchâtel, Auvernier : Le Roset, 1998.
Montandon, Marie-Louise, Dentelles de Neuchâtel, de la production à l’exportation, Auvernier & Hauterive : Éditions Le Roset & Éditions Gilles Attinger, 2007.