Dopée par la prospérité horlogère, la population de La Chaux-de-Fonds double entre 1830 et 1850, si bien que l’agglomération s’étend rapidement, notamment en direction du sud-ouest.
En bordure de la rue du Locle, redressée vers 1810 puis devenue Grande Rue, les maisons s’alignent du côté sud-est, englobant le Casino-Théâtre, inauguré en 1837. De l’autre côté de la rue, mais en retrait derrière des jardins, les bâtiments forment le prolongement de la rue Neuve, tracée après l’incendie de 1794.
Des maisons comportant trois à quatre niveaux d’habitation et à l’aspect résolument urbain s’alignent de part et d’autre de la chaussée. L’une d’elles, à droite, s’apparente encore aux fermes traditionnelles par sa façade à pignon. Plus loin, en direction du Locle, c’est un aimable désordre qui prévaut.
A gauche, au premier plan, l’auberge de la Fleur de Lys se dresse sur l’emplacement de l’hôtel qui porte ce nom actuellement. La silhouette caractéristique du premier hôpital de la localité (rue du Progrès 35), ouvert en 1849, s’inscrit dans l’angle supérieur droit.
Impressionné par la belle ordonnance du nouveau quartier, le dessinateur livre une image fidèle de l’état primitif de l’avenue Léopold-Robert. Fait remarquable, l’alignement des maisons de droite ainsi que leurs jardins d’ornement ne doivent rien à la grande planification de 1834 (« plan Junod »). La disposition résulte essentiellement de servitudes foncières issues de l’initiative privée. C’est précisément cette particularité urbanistique qui permettra, à la fin du siècle, la création d’une véritable avenue en offrant l’espace nécessaire au tracé d’une voie jumelle.
Cop, Raoul, « L’avènement de la dictature des grands alignements : regard sur les débuts de l’urbanisation chaux-de-fonnière (1794-1835) », Revue historique neuchâteloise, 2008, pp. 208-210.