Dans la première moitié du 20e siècle, le mouvement ouvrier lutte sur trois principaux fronts : le socialisme, le syndicalisme et les coopératives commerciales. Les militants et les sympathisants font étalage de leur force à l’occasion de la fête du 1er mai, qui se caractérise par un grand défilé, des allocutions et des pièces musicales interprétées par les sociétés amies.
Le Parti socialiste devient définitivement majoritaire au Conseil général de La Chaux-de-Fonds en 1918, soit durant une des périodes les plus noires de l’histoire des Montagnes. Cette année, la crise alimentaire née de la guerre se double d’un ralentissement de l’économie qui durera jusqu’en 1922. Malgré tout, la Maison du Peuple sera inaugurée deux ans plus tard. En 1923, le leader socialiste Charles Naine (1874-1926) prononce le discours officiel du 1er mai à La Chaux-de-Fonds. Le compte-rendu du quotidien L’Impartial souligne que « l’orateur condamne aussi bien la dictature soviétique que la dictature fasciste ».
Charles Naine prononce une allocution sur la place du Marché à l’occasion du 1er mai. Il trône sur une estrade, entre un groupe de jeunes garçons et le matériel des musiciens. D’autres enfants sont massés à proximité, devant le public.
Les bâtiments à l’arrière-plan bordent la place au nord-ouest, de part et autre de la rue du Stand. Sur les façades, on aperçoit les enseignes des commerces qui occupent le rez-de-chaussée ainsi qu’un bon nombre de « fenêtres doubles », posées de l’automne au printemps à la place des volets.
Charles Naine s’adresse à un public conquis dans cette ville à majorité de gauche où il a mené tant de combats de jeunesse, notamment en tant que rédacteur du journal La Sentinelle. Sensible à la notoriété de l’invité, le photographe a livré un portrait remarquable, celui d’un homme certes vieillissant, mais toujours charismatique.
Le cliché témoigne également de la diversité du mouvement ouvrier, qui compte dans ses rangs des sociétés de musique et des organisations de jeunesse, en l’occurrence un groupe d’enfants coiffés d’un béret rouge.
Perrenoud, Marc, « Charles Naine, homme politique, journaliste (1874-1926) », in : Biographies neuchâteloises, tome 4, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 2005, pp. 209-213.
L’Impartial, 2 mai 1923.
La Sentinelle, 30 avril et 2 mai 1923.