En avril 1214, le comte Ulrich et son neveu Bethold édictent une charte de franchise sur le modèle des coutumes de Besançon. Ils cherchent ainsi à rendre florissante la ville de Neuchâtel en y attirant de nouveaux habitants qui peuvent devenir bourgeois après un séjour d’un an et d’un jour. Les personnes admises dans la bourgeoisie bénéficient d’un statut juridique privilégié, ainsi que d’un certain nombre d’avantages économique. La condition de bourgeois est transmissible héréditairement par les hommes. Cette charte constitue l’acte fondateur d’une véritable communauté urbaine.
Ecrite en latin sur un parchemin, la charte est lestée des cinq sceaux de Berthold, évêque de Lausanne ; du chapitre de la Cathédrale de Lausanne ; d’Ulrich, comte de Neuchâtel ; de son neveu Berthold ; du chapitre de Notre-Dame de Neuchâtel. L’acte énumère les différentes libertés dont jouit le bourgeois. Il règle ainsi la vente du blé, de la viande, du pain, du vin et du poisson. Il fixe les redevances à verser au seigneur pour chaque profession. Il précise le droit successoral, permettant aux bourgeois de tester librement et de disposer de leur bien. En matière judiciaire, elle assure aux bourgeois un jugement et détermine les amendes.
L’exemplaire de la charte en possession de la ville a brûlé lors de l’incendie de 1450. Le document actuellement en possession des Archives de la Ville est l’exemplaire du chapitre de Lausanne, emporté par Berne lors de la conquête du Pays de Vaud, et remis ultérieurement par les autorités bernoises à la Ville de Neuchâtel.
La société médiévale est une société hiérarchique et inégalitaire : la liberté y est un privilège que le seigneur concède ou non à ses sujets. Les libertés octroyés par les franchises sont une limitation du pouvoir du seigneur et permettent aux bourgeois d’être affranchis de certaines charges. Mais la bourgeoisie reste une condition personnelle conférée par le comte. Ainsi les bourgeois ne peuvent admettre de nouveaux membres sans le consentement explicite du comte de Neuchâtel. Tous ne peuvent donc profiter des avantages octroyés par la franchise.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome I, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1989, pp. 202-203.
Tribolet, Maurice de, « Chartes de franchises et « constitutions » neuchâteloises du Moyen Age à la fin de l’Ancien régime, XIIIe – XVIIIe siècle », Musée neuchâtelois, 2002, pp. 111-124.