Jean-Frédéric Ostervald (1773-1850) est maire de Travers et membre de la Cour des comptes, avant qu’il ne devienne commissaire général de la Principauté. Dans le cadre de ses fonctions (reconnaissances de biens, limites des domaines, etc.), il se lance dans la révision des cartes du Pays de Neuchâtel. Appuyé par Jean-Georges Trallès (1763-1822), professeur à l’Académie de Berne à qui est dédié ce panorama, Ostervald réalise notamment une carte du canton de Neuchâtel qu’il publie en 1806, puis réédite en 1837. En 1850, quelques mois avant sa mort, il est associé à la publication d’une Carte topographique et routière de la Suisse et des contrées limitrophes. Si l’on en croit la tradition, ce panorama de la chaine des Alpes a été réalisé vers 1806 par Ostervald lorsqu’il était alité et contraint de garder la chambre. Depuis la fenêtre de sa maison de Bellevaux, rue du Pommier 12, il dessine les Alpes en s’aidant d’une longue-vue.
Sur cinq feuilles, le géographe neuchâtelois présente le panorama complet et précis de la chaîne des Alpes vue depuis les quais de Neuchâtel. Sur la première feuille, on distingue très bien les trois montagnes bernoises, la Jungfrau, le Monch, et l’Eiger. Ce panorama permet de voir les falaises de la rive sud du lac tombant à pic dans l’eau, notamment sur la troisième feuille. Dans le dernier quart du 19e siècle, la correction des eaux du Jura provoque l’abaissement du niveau du lac de 2,70 mètres, découvrant une bande de terre que la végétation couvre rapidement, ainsi que les falaises.
Cette vue de la chaine des Alpes compte parmi les premiers panoramas alpins de Suisse. Elle combine à la fois précision topographique et dimension esthétique. L’édition originale est accompagnée de six feuilles explicatives permettant d’identifier les différents sommets, ainsi que d’y lire les distances et les hauteurs. Ces informations se basent sur les données géographiques établies par le professeur de mathématiques bernois Johann Georg Tralles (1763-1822). Elles s’appuient aussi sur les données géologiques de Leopold von Buch (1774-1853) ainsi que du géologue zurichois Conrad Escher von Linth (1767-1823). Les noms des montagnes sont tirés en partie de la carte géographique de Johann Heinrich Weiss (1758-1826).
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècle d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, pp. 134-135 (notice 258).
Courvoisier, Jean, « Jean-Frédéric Ostervald », Nouvelle Revue neuchâteloise, no 107, 1985, p. 20.
Evard, Maurice, « Jean-Frédéric d’Ostervald », in : Biographies neuchâteloises, tome II, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1998, pp. 233-236.