Le 1er février 1959, les électeurs suisses refusent à une large majorité d’accorder le droit de vote et d’éligibilité aux femmes. Le canton de Neuchâtel (à l’instar de ceux de Genève et Vaud) ayant voté oui lors de ce scrutin, une nouvelle consultation cantonale est organisée. Le 27 septembre 1959, les femmes obtiennent le droit de vote et d’éligibilité au plan communal et cantonal par 11251 voix contre 9730. Seuls les districts urbains de Neuchâtel, du Locle et de La Chaux-de-Fonds ont votés oui. Les 14 et 15 mai 1960, lors du renouvellement des autorités de la ville de Neuchâtel, tous les partis présentent des femmes sur leurs listes, mais aucune n’est élue. Il faut attendre la démission de Fritz Bourquin, nommé au Conseil d’Etat le 24 août 1960, pour que la première des viennent-ensuite, la socialiste Lucette Favre, soit élue par arrêté du Conseil communal. Elle siège pour la première fois au sein du Conseil général de la Ville de Neuchâtel, le lundi 5 septembre 1960.
Cette brève interview évoque les débuts de Lucette Favre en politique, partagée entre émotion et déception. L’animatrice passe assez rapidement sur la naissance de la vocation politique de Lucette Favre et sur les circonstances de son élection. La politicienne socialiste raconte sa première séance au Conseil général. Elle suggère l’accueil froid de ses collègues masculins, malgré le bouquet de fleurs aux couleurs de la Ville déposé à sa place. Elle relève la curiosité qu’elle suscite dans les rangs de l’assemblée et se remémore l’émotion ressentie au cours de cette première séance. Elle présente enfin sa conception du rôle de la femme dans la politique locale.
Les thèmes défendus par Lucette Favre lors de cette interview sont essentiellement axés sur l’action sociale : école, petite enfance, aide aux personnes âgées et aux malades. Si son affiliation au parti socialiste et sa profession d’infirmière expliquent en partie ces choix politiques, sa conception du rôle de la femme en politique est encore imprégnée d’une vision traditionnelle : « Je crois quand même qu’une femme est mieux placée, du fait de son rôle de mère déjà, pour comprendre certaines situations ». Lucette Favre est réélue les 23 et 24 mai 1964 et siège jusqu’en mai 1968.
Jaccard, Christian, Le combat politique pour le droit de vote et d’éligibilité des femmes dans le canton de Neuchâtel, Neuchâtel : Institut d’Histoire de l’Université de Neuchâtel, 1996.