Grâce aux traités de combourgeoisie scellés avec Soleure, le catholicisme se maintient au Landeron. Cependant l’absence de relations combourgeoises avec Berne, les relations de protection recherchées presque exclusivement auprès de la France et de Soleure ainsi que son particularisme religieux, se traduisent progressivement par l’isolement du Landeron au sein du comté de Neuchâtel.
Parallèlement, la bourgeoisie du Landeron perd de son influence au profit de celle de Neuchâtel. L’ambiguïté de son statut se fait davantage ressentir lorsque le comté devient une principauté prussienne, qui cherche par ailleurs à se rapprocher politiquement de la Suisse.
La Rosace des Conseillers du Landeron est une sorte de bouclier rond. La structure est en bois et elle se compose de trois cercles concentriques avec un médaillon au centre. Celui-ci, daté de 1755, comprend deux lions qui soutiennent le blason couronné du Landeron, lui-même dressé sur deux écussons vert et noir qui représentent la bourgeoisie du Landeron. Le second cercle, sur fonds blanc, représente les armoiries des conseillers du Landeron ainsi que leurs initiales. Le troisième cercle affiche, sur un fonds vert, les blasons des treize cantons ainsi que les quatre évangélistes avec leurs attributs : l’homme pour Mathieu, le taureau ailé pour Luc, le lion ailé pour Marc, l’aigle pour Jean. Le cercle extérieur présente des personnages mythologiques non identifiés ainsi que des angelots à l’intérieur de médaillons décoratifs.
Les armoiries et les initiales des conseillers de la châtellenie du Landeron apparaissent sur la rosace. Certes décorative, elle avait également un but politique. Les cercles concentriques indiquent que Le Landeron, sa bourgeoisie et ses conseillers s’insèrent dans le contexte de la Suisse des treize cantons, qui a son tour fait partie du vaste monde, rappel indiqué par les personnages mythologiques du cercle extérieur. Par cette disposition, la Rosace souhaite afficher une filiation directe entre Le Landeron et le corps helvétique ; une situation qui n’allait pas de soi dans une région gouvernée par le roi de Prusse, et précédemment par les souverains français de la dynastie des Orléans-Longueville.
Les quatre trous qui se trouvent sur le cercle extérieur servaient à accrocher la Rosace, vraisemblablement au plafond d’une salle importante comme la Salle de la Justice de l’Hôtel de Ville du Landeron. Les familles au pouvoir étaient ainsi clairement affichées.
Enfin, une restauration récente a révélé un décor peint du 17e siècle ainsi que la date de 1687, ce qui démontre que cet objet pouvait être repeint en fonction des familles siégeant au Conseil de Ville.
Clottu, Olivier, Armorial du Landeron, Saint Blaise : Imprimerie Zwahlen, 1991.
Bujard, Jacques, Glaenzer, Antoine, Morerod, Jean-Daniel, Tribolet, Maurice de, (et. al), Le Landeron. Histoires d’une Ville, Hauterive : Editions Gilles Attinger, 2001.
Bartolini, Lionel, Une résistance à la Réforme dans le pays de Neuchâtel, Le Landeron et sa région (1530-1562), Neuchâtel : Editions Alphil, 2006.