Le besoin de relier Neuchâtel au réseau autoroutier suisse est le catalyseur des grands projets de la N5 (reliant Yverdon à Neuchâtel) et de la J20 (raccordant Neuchâtel à La Chaux-de-Fonds). Le 27 avril 1986, le peuple neuchâtelois accepte en votation, à une large majorité, un premier crédit de 70 millions de francs pour le percement d’un tunnel sous la Vue-des-Alpes. Les travaux peuvent débuter en octobre de l’année suivante. Le 15 novembre 1994 est inauguré cette nouvelle route en tunnel qui a coûté 500 millions au total. Afin d’absorber la circulation reliant la J20 à la N5, d’importants aménagements sont effectués dans les gorges du Seyon. La circulation montante est assurée par les deux voies déjà existantes, alors que les automobilistes empruntent à la descente deux tunnels successifs creusés dans le flanc ouest de la gorge.
Prise depuis le sud, cette photographie montre les travaux en cours sur les deux pistes existantes à la hauteur du Pont Noir, peu avant Valangin. Les ouvriers s’activent à l’élargissement de la route avant son goudronnage. Les virages n’ont pas été rabotés pour ne pas dénaturer le cours du Seyon que l’on aperçoit sur la droite.
En raccourcissant et en sécurisant le trajet entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, le projet de la Vue-des-Alpes a pour objectif principal le développement économique équilibré entre toutes les régions du canton, ainsi qu’une meilleure qualité de vie. Mais il représente aussi un lien plus étroit entre le Haut et le Bas, un symbole fort d’unité cantonale. L’accroissement important du trafic sur cet axe dans les années qui ont suivi l’ouverture du tunnel de la Vue-des-Alpes reflète la très forte augmentation du nombre de pendulaires entre le Littoral et les Montagnes neuchâteloises, dans un sens comme dans l’autre.
Grandjean, Antoine (dir.), Routes neuchâteloises, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1995, pp. 108-125, 136-141.