En 1903, l’industriel thurgovien Adolf von Martini ouvre une usine d’automobiles à Saint-Blaise, permettant de produire des châssis en série. La réputation de la marque grandit rapidement. Afin de faire connaître les voitures Martini plus largement, la marque participe avec succès à plusieurs courses automobiles et se lance dans la réalisation de records. Le 5 octobre 1903, une voiture Martini 14 CV effectue une performance remarquée en partant de la ville touristique de Montreux pour rallier les Rochers-de-Naye à 2045 m d’altitude, en suivant le ballast de la voie à crémaillère. Martini devient « la marque la plus haute d’Europe ».
Sur une route en terre battue, une puissante automobile rouge monte à vive allure, emportant ses quatre passagers dans un tourbillon de poussière. L’un d’eux, à l’arrière, salue ironiquement en levant sa casquette la diligence qui semble peiner sur ces pentes escarpées. Les sapins sur la gauche, ainsi que les sommets du second plan sur la droite soulignent l’environnement montagneux de la scène.
L’exploit des Rochers-de-Naye connaît un retentissement international et Martini ne manque pas de profiter de cette renommée dans sa publicité. L’affiche présentée ici, créée par un artiste d’origine neuchâteloise, place ainsi la scène sur une route de montagne. Elle insiste sur les qualités routières des automobiles Martini : la puissance, la vitesse et le confort de ces nouveaux véhicules déclassent complètement l’ancien service de diligence. A Neuchâtel, les automobiles Martini ont déjà été choisies au début du siècle pour assurer la liaison entre Neuchâtel et Chaumont. En 1910, le premier service de taxi utilise deux voitures produites à Saint-Blaise. La traction hippomobile, déjà mise à mal par le développement du train et du tram, disparaît progressivement au profit de l’automobile.
Friedli, Raynald G., Automobiles Martini Saint-Blaise (Suisse), Saint-Blaise : R.G. Friedli, 1993.
Schmid, Ernest, « Martini 1903, 1905, 1908, 1912 et 1931 : F. Martini & Cie SA, 1897, Frauenfeld puis Saint-Blaise, Suisse », in : Musée de l’automobile, Martigny : Fondation Pierre Gianadda, 2004, pp. 85-101.
[C.Z.], « Fabrique suisse d’automobiles aux débuts prometteurs, « Martini savait pourtant bien s’afficher » », in: Le Gouvernail, 2003, no 10, pp. 1-5.