La construction du Château des Frêtes, situé à quelques kilomètres au sud des Brenets, se termine en septembre 1770. Le domaine a été acquis par Isaac François Donzel, communier de Montmollin, ancien lieutenant de Rochefort, domicilié aux Brenets, et son épouse Judith-Marie Huguenin du Locle, par ailleurs tante de Jean-Jacques Huguenin, l’ingénieur du canal de dérivation du Bied. Le domaine est mentionné pour la première fois en 1766, date à laquelle Isaac Donzel et son épouse le cèdent à leurs enfants.
Simple domaine rural au départ, la maison des Frêtes devient une la maison de maître grâce à l’impulsion de deux frères : Aimé (1740) et Charles-Henri (1748) Donzel. Ayant réussi une fructueuse carrière commerciale en Guyane hollandaise, les deux frères rachètent en 1790 les parts de leurs frères et sœurs. En 1802, ils lancent d’importants travaux d’amélioration. A leur mort, le domaine passe à leurs neveux, Isaac-Benjamin et Charles-Henri Cartier.
Ce dessin a été réalisé entre 1830 et 1832 par Hermann Früauf, né en Saxe, alors installé au Locle pour y accomplir un apprentissage en horlogerie. Il profite de son temps libre pour croquer les lieux les plus intéressants des environs. Sur ce dessin, il représente les façades sud-ouest et sud-est, soit les plus belles du Château des Frêtes. Il rend bien le plan presque carré du bâtiment, avec son avant-corps central percé de trois baies et son toit en croupe surmonté de deux cheminées en pierres de taille. La demeure était couverte d’un toit de bardeaux – peu visible sur le dessin – qui resta intact jusqu’en 1900.
A la mort du dernier Cartier en 1902, la maison passe à leur parent, Philippe-Henri Guyot, monteur de boîtes au Locle. Ses héritiers vendent en 1908 la propriété à Anna-Maria Scheurer qui la transforme en Hôtel-Pension des Frêtes, dans le grand mouvement touristique que connaît la région au début du 19e siècle. En 1939, la famille Scheurer se trouve obligée de vendre le domaine à la Banque cantonale neuchâteloise, qui le cède l’année suivante à Auguste Florin. Le restaurant passe de main en main jusqu’en 1972, date de sa fermeture. En 1981, le dernier fermier quitte le domaine. Acquis enfin par le Dr Pierre Röthlisberger, le Château des Frêtes est détruit par un incendie en avril 1992.
Faessler, François, « Le Château des Frêtes et ses premiers propriétaires », Musée neuchâtelois, 1969, p. 49-59.