La famille des Orléans-Longueville est issue du comte Dunois, fils naturel de Louis d’Orléans qui est lui-même le deuxième fils du roi Charles V. Les Orléans-Longueville appartienne donc à la fois à une branche bâtarde et à une branche cadette de la famille royale. Cette double qualité affaiblit leur position à la cour de France. La souveraineté sur Neuchâtel en revanche améliore leur place à la cour. Parmi les marques visibles de cette souveraineté figurent le droit de battre monnaie, le blason et la titulature des monnaies. Henri II (1595-1663) va progressivement tenter de diminuer l’importance de sa bâtardise tout en affirmant sa souveraineté par le changement de son titre de comte en prince.
Frappé en 1629, ce kreuzer porte au revers une croix évidée dont les points d’intersection sont terminés par des fleurs de lys. Sur l’avers figurent les armes d’Henri II (sur la moitié gauche de l’écu) et de Neuchâtel (les chevrons se trouvant à droite). Les trois fleurs de lys des Orléans-Longueville sont surmontées d’une brisure appelée « lambel », signe de branche cadette. Une surbrisure en diagonale, le « bâton péri », marque sa bâtardise. Une inscription abrégée annonce sa titulature : Henri dei gratia princeps novicastri (Henri prince de Neuchâtel par la grâce de Dieu).
C’est en 1620 que le titre de prince apparaît pour la première fois sur les monnaies frappées par Henri II, bien que Neuchâtel ne devienne officiellement principauté qu’en 1648, lors du traité de Westphalie. En 1617, Henri II atteint sa majorité et gouverne désormais sans la régence de sa mère. En utilisant la titulature de prince sur ses monnaies et sur ses actes, il affirme publiquement sa souveraineté. Dans le même temps, le « bâton péri » figurant sur ses armoiries (qui occupe au début toute la diagonale) diminue progressivement de taille jusqu’à devenir insignifiant. Ainsi la souveraineté sur Neuchâtel est utilisée par Henri II dans le jeu de pouvoir des courtisans.
Demole, Eugène, Wavre, William, Histoire monétaire de Neuchâtel, Neuchâtel : Société d’histoire et d’archéologie, 1939, pp. 88-99, 284.
Froidevaux, Charles, « Goût du pouvoir chez les Orléans-Longueville », conférence au Musée d’art et d’histoire, 9 mai 2000.