Durant la Première Guerre mondiale, le canton de Neuchâtel n’a à souffrir que d’une seule agression armée. Dans l’après-midi du dimanche 17 octobre 1915, croyant survoler la France, un aviateur allemand largue huit bombes à proximité de la ville de La Chaux-de-Fonds. Elles tombent entre l’extrémité de la rue Fritz-Courvoisier et celle de la rue de l’Hôtel-de-Ville, blessant quatre personnes et provoquant des dégâts de peu d’importance.
Apparemment, le pilote a visé l’usine à gaz et la voie ferrée de Saignelégier. Les débris des engins sont récupérés par les autorités pour identification. L’origine de l’appareil étant établie, la légation de Suisse à Berlin recevra pour mandat de protester auprès du gouvernement allemand et de demander réparation.
Assemblés devant un cratère de faible dimension, au milieu d’un pré du quartier des Reprises, une trentaine de badauds à la mine sérieuse, hommes et garçons, posent pour la photo. La plupart des adultes sont en tenue de ville, mais l’un d’eux, au centre, porte la blouse traditionnelle de l’horloger.
Quelques individus en uniforme sont aussi présents ; il s’agit peut-être de militaires, gendarmes ou policiers chargés de collecter les éclats des bombes. Une partie de ces figurants bénévoles sont venus dans une voiture automobile noire qui stationne à proximité.
Tout bombardement provoque la surprise et l’inquiétude. Ici, l’émotion est d’autant plus vive que l’agresseur n’est pas clairement identifié et qu’il frappe une région n’ayant jamais connu les affres de la guerre. C’est dire que l’arrivée d’un photographe sur les lieux n’a rien d’étonnant.
La présence de nombreuses personnes endimanchées et en uniforme donne à penser que la photo a pu être prise le jour même du bombardement.
L’Impartial, 18 octobre 1915.
Le véritable Messager boiteux de Neuchâtel pour l’an de grâce 1917, p. 38.