La gélivité des bassins de calcaire pousse les autorités à les choisir en granit. Comme la technique est différente, on fait appel à des granitiers, tailleurs de pierre spécialisés dans l’exploitation de ce matériau. La nécessité de mettre des fontaines à disposition reste la même : abreuvoir pour le bétail, bassins pour faire la lessive, point d’eau en cas de sécheresse. L’arrivée de l’eau sur les éviers au début du 20e siècle va faire abandonner la réalisation de fontaines publiques.
La fontaine compte deux bassins. La pile plus ancienne date de 1827 et porte les initiales A.PD (A. Perregaux-Dielf). Ces deux bassins aux angles arrondis, taillés à Bevaix, sont transportés en train (la ligne du Jura Industriel est en fonction depuis 1860). Le second bassin se casse au déchargement, mais il est réparé : on voit l’agrafe qui renforce les morceaux. Les alentours de la place sont recouverts de galets. La pile de calcaire est un témoin d’un réemploi.
La technique de l’exploitation du granit est apportée dans notre région au 19e siècle par des tailleurs de pierre en provenance du Tessin, d’Italie ou du Valais. La matière première est abondante, ce sont des blocs erratiques emportés par les glaciers. Les outils employés sont la broche, le ciseau et le marteau, grâce auxquels on débite le bloc éclat par éclat.
Evard, Maurice, Fontaines neuchâteloises, Ed. Gilles Attinger, 1985.