Le guet de nuit assume au 18e siècle un rôle important dans la surveillance de la ville, tant du point de vue de la police que de la lutte contre les incendies. Bien que cette fonction existe auparavant, la première ordonnance connue relative au guet en ville de Neuchâtel date de 1775. Elle fait état de sept guets qui montent la garde chaque nuit sous la direction d’un lieutenant. Une fois les portes de la ville fermée, un guet est placé à la porte de l’Hôpital pour faire entrer et sortir les retardataires. Un deuxième garde, posté à la tour de Diesse, contrôle qu’aucun incendie ne se déclare dans la cité. Les autres patrouillent dans les rues de la ville, contrôlant qu’aucun étranger ne s’y promène après onze heures. Afin de s’éclairer dans leur ronde, les guets portent une lampe frontale sur la tête.
Cette « casquette » (longtemps appelé bonnet semble-t-il) est constituée d’un bandeau de cuivre percé d’ornements découpés à l’emporte-pièce. A l’arrière, une petite vis glissant dans une rainure permet de l’adapter précisément sur la tête. La partie frontale comporte une petite lampe à huile qui se meut librement sur un axe métallique, lui permettant de rester horizontal en toutes circonstances. Une visière plate protège le guet de la chaleur dégagée par la lampe.
Cette lampe ne peut s’adapter au tricorne porté habituellement par les gardes au 18e siècle. Le guet de nuit porte donc probablement une coiffure de laine ou de coton sur laquelle s’insère commodément la lampe. Evitant ainsi de tenir une lanterne à la main, le guet est libre de ses mouvements pour remplir ses fonctions. Dans une ville entièrement close par ses enceintes, le guet surveille qu’aucun élément perturbateur ne puisse s’introduire parmi la population. Il tente aussi d’éviter les incendies dont les conséquences sont trop souvent catastrophiques, comme par exemple celui de 1714 qui ravage une bonne partie de la ville. L’institution du guet dure jusqu’en 1856, date à laquelle il est remplacé par la garde municipale.
Bachelin, Auguste, « Sceptres des cours de justice, bonnet de guet, etc », Musée neuchâtelois, 1864, pp. 157-158.
Bachelin, Auguste, « Le guet de nuit », Musée neuchâtelois, 1864, pp. 49-51.