A plusieurs occasions, des hivers rigoureux amènent le lac de Neuchâtel à geler complètement. Le fait est documenté pour 1695, pour 1830 ainsi que pour 1879. Depuis la fin du mois d’octobre 1829, un froid persistant s’installe dans la région et se maintient jusqu’au début de l’année suivante. Le 4 février, par une température de -18°C, la surface du lac est entièrement gelée. La population de Neuchâtel chausse ses patins et utilise le lac comme une vaste patinoire. Le phénomène dure quelques jours, avant qu’un redoux ne provoque la rupture des glaces.
La lithographie de Weibel-Comtesse met en évidence la large baie de l’Evole complètement prise dans la glace. Cette patinoire naturelle est encombrée d’un grand nombre de personnes – hommes, femmes et enfants – qui patinent en tous sens et s’amusent sur la glace. Sur la droite, des carrousels ont été installés. Certains patineurs poussent un traineau. La colline du Château et de la Collégiale domine la scène.
Si cette longue période de froid est ressentie durement par la population, le gel du lac est transformé en une grande fête spontanée et populaire. Aussi n’est-il pas étonnant que plusieurs estampes aient été imprimées à la suite de cet événement, permettant aux Neuchâtelois d’en garder un souvenir concret. Cette lithographie éditée par Prince-Wittnauer à la particularité de présenter, sous le dessin, un long texte explicatif donnant des détails sur ce fait mémorable. L’éditeur, conscient du caractère exceptionnel de l’événement, a en effet jugé « qu’il serait intéressant de joindre à sa feuille une note aussi exacte que possible des observations qui ont été recueillies à cette époque ». De part et d’autre du dessin figure aussi la liste des personnes qui se sont aventurées à traverser le lac d’une rive à l’autre.
Schlup, Michel, Hivers d’antan, Hauterive : G. Attinger, 1983.
Jelmini, Jean-Pierre, Histoires de voir, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 2002, p. 42.
Petitpierre, Jacques, « Quand notre grand lac gelait », in : Patrie neuchâteloise, tome II, Neuchâtel : La Baconnière, 1935, pp. 70-76.