L’explosion des coûts de la santé force dès les années 1970 les collectivités publiques à revoir la gestion de leurs hôpitaux : rapprochement, fusion et économie d’échelle en constituent la première étape. Une réorganisation en profondeur est lancée dans les années 1990. Après une première tentative avortée en 1993, la restructuration des hôpitaux neuchâtelois est lancée par la votation cantonale du 1er octobre 1995. Abandonnant l’hôpital des Cadolles, la ville de Neuchâtel regroupe ses forces médicales sur les sites du nouvel hôpital Pourtalès et de l’hôpital de La Providence. Les dépenses se montent à 145 millions pour le premier et 22 millions pour le second. Malgré une faible participation, les neuchâtelois acceptent l’idée à une large majorité (85,7%). Ce vote permet l’octroi de subsides cantonaux qui couvriront 60% des intérêts et des amortissements.
Pour le lancement de la campagne, un mois avant la votation du 1er octobre 1995, les principaux acteurs de cette réforme organisent une conférence de presse. Jean-Pierre Authier (directeur des hôpitaux de la Ville de Neuchâtel), André Brandt (ancien conseiller d’Etat, co-président du comité de soutien à cette restructuration), Maurice Jacot (conseiller d’Etat en charge de la santé) et Antoine Wildhaber (pharmacien, président du conseil de fondation de l’Hôpital de La Providence) exposent leurs arguments. A l’arrière plan, à droite, une affiche prônant le oui illustre l’idée de réseau cantonal.
Bien que le crédit voté en 1995 ne porte que sur les hôpitaux de la ville de Neuchâtel, l’enjeu est largement cantonal. Le plébiscite populaire vient confirmer un projet déjà soutenu par l’ensemble des acteurs de la santé qui constitue la première étape du long processus de création d’un véritable réseau hospitalier neuchâtelois. Participant à un mouvement général appliqué en Suisse dans les années 1990, la mise en réseau vise une meilleure gestion des coûts. Alors que les équipements de pointe sont concentrés dans les établissements urbains de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds, les hôpitaux régionaux prennent en charge les soins plus légers et les convalescences. Rencontrant parfois des résistances régionales, ces restructurations marquent un profond changement dans la culture de la santé.
Donzé, Pierre-Yves, Bâtir, gérer, soigner, histoire des établissements hospitaliers de Suisse romande, 2003, pp. 291-312.
L’Express, 8 septembre 1995, 13 septembre 1995, 2 octobre 1995.
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