Maison pionnière dans le domaine de la vente à crédit et par correspondance, VAC (Vente Au Comptant / Vente A Crédit) fut initialement fondée à Paris par un Chaux-de-Fonnier, Ernest Girard. Ses deux frères s’associèrent à l’affaire et retournèrent dans leur ville natale afin d’y ouvrir en 1906 l’agence A. Girard. En 1930, Charles Veillon, futur gendre d’André Girard, reprit l’affaire avec un associé, René Junod. Le « catalogue miraculeux » de la société, qui proposait entre autres articles de sport ou batteries de cuisine, s’enrichit alors d’un nouveau secteur, la confection. Veillon fondera sa propre société à Lausanne en 1943 tandis que Junod demeurera pendant plusieurs décennies à la tête de l’entreprise, qui reste aujourd’hui l’une des plus importantes maisons de vente par correspondance de Suisse.
Assis derrière un bureau, un petit personnage à lunettes, chauve et moustachu, est entouré de piles de bulletins de commande. Après avoir feuilleté les pages d’un immense catalogue mural, il frappe dans ses mains, faisant apparaitre des casseroles flambant neuves, qui sortent des pages du catalogue pour aller se disposer dans une cuisine. Le petit homme répétera l’opération plusieurs fois, faisant apparaitre et s’animer des articles tels que train électrique, poussette, rasoir électrique, tapis, fers à repasser ou sacs à main.
Les marionnettes joufflues du « catalogue miraculeux » sont probablement dues au talent de Werner Dressler (1909-1990), cinéaste spécialisé dans l’animation de poupées qui travailla dès 1945 pour le compte de la société zurichoise CEFI/Central film, l’un des plus importants producteurs de film publicitaire de la période.
Né à Berlin, Werner Dressler se forma à l’animation au studio de publicité de la UFA. En 1930, il entra au service de la Praesens-Film Zurich, sous l’égide de laquelle il aurait réalisé un premier film publicitaire pour la maison chaux-de-fonnière de vente par correspondance, « Girard et Cie » (1931), film non retrouvé à ce jour.
Comme plusieurs autres films issus du patrimoine cinématographique neuchâtelois, « Le catalogue miraculeux » n’a pas été tourné dans le canton ; il n’est pas non plus le fait d’un réalisateur du cru. Le lien avec le canton s’opère grâce au commanditaire du film, en l’occurrence une société installée à La Chaux-de-Fonds et possédant une filiale à Zurich. Jusqu’aux années cinquante, la région ne comptait en effet pas de maison de production professionnelle et les entreprises désireuses d’utiliser le cinéma pour leur promotion se tournaient en général vers l’étranger (voir « De la ponctualité ») ou vers des sociétés publicitaires zurichoises.
« Le catalogue miraculeux » fut déposé au DAV par la maison VAC aux côtés de plusieurs autres réclames réalisées dans le courant des années quarante par Central Film. La version allemande, «Wunder Katalog», contient un plan supplémentaire à la fin du film, représentant la succursale VAC de Zurich (Talstrasse 62).
Le film est daté hypothétiquement selon des indications se trouvant sur la boîte originale.
Aude Joseph, Neuchâtel, un canton en images : Filmographie tome 1 (1900 – 1950), Hauterive, Gilles Attinger, 2008, pp. 233-234.
Bibliothèque de la Ville de la Chaux-de-Fonds, Filmographie neuchâteloise en ligne.