Le mot panorama, dérivant du grec, apparait à la fin du 18e siècle, et signifie littéralement « tout voir ». La représentation panoramique, très en vogue au 19e siècle, résulte d’une recherche propre à cette époque : la maîtrise du monde physique qui nous entoure. Le paysage, décrit avec une précision topographique et une grande fidélité, devient une configuration stable ordonnée autour du spectateur. En Suisse, la production s’articule autour de deux thèmes principaux : les Alpes et la ville. Le tourisme naissant et les écrits d’Albrecht de Haller ou de Jean-Jacques Rousseau favorisent l’engouement pour cette production artistique dont les vues gravées connaissent une large diffusion.
Cette gravure présente la vue qui s’offre au spectateur depuis le Crêt-Taconnet et qui s’étend de la colline du Mail au trou de Bourgogne. Le choix du point de vue permet de conjuguer dans une unique représentation la ville, le lac, le plateau suisse et la chaîne des Alpes en arrière-plan. La représentation très précise de la partie est de la ville donne un grand nombre d’informations sur l’agencement de ces quartiers. Au premier plan, un groupe de promeneurs contemple la vue, alors que quelques vendangeurs s’affairent sur la droite à proximité d’un char à brecets.
A Neuchâtel, le Crêt-Taconnet et le Plan sont les points de vue de prédilection des citadins et des voyageurs sur la ville et le lac. Les artistes y plantent leur chevalet et rendent sensible la fusion de l’espace urbain et de son environnement paysager. Ils imposent, à travers les représentations panoramiques, une nouvelle image de la ville en tant qu’objet de contemplation. Ils fixent enfin, l’espace d’un instant, l’aspect présent d’une ville toujours plus soumise au changement.
Comment, Bernard, Le XIXe siècle des panoramas, Paris : A. Biro, 1993.
Besse, Jean-Marc, Face au monde : atlas, jardins, géoramas, Paris : Desclée de Brouwer, 2003.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècle d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 236 (notice 522).