A la fin du 18e siècle, les autorités neuchâteloises tentent de faire reculer les idées révolutionnaires en encourageant le développement d’une culture civique. Plusieurs institutions officielles sont alors créées dans le but de diffuser un savoir sérieux et utile. C’est dans cet esprit qu’est fondée, en 1788, la première bibliothèque publique à Neuchâtel, dans un local de la maison du Trésor. Le legs de David de Pury permet de financer son institution. Henri de Meuron (1752-1813) en devient le premier bibliothécaire en 1793. Pasteur, professeur principal du Collège de Neuchâtel, il obtient la chaire de philosophie de 1792 à 1798.
Portant une robe noire et un rabat caractéristique des pasteurs, Henri de Meuron est coiffé d’une perruque blanche. La bosse dont Henri de Meuron est affligé se distingue par la position inhabituelle des épaules. Le peintre met en évidence le visage de l’érudit dont les traits tirés et la maigreur rappellent sa constitution fragile et sa santé délicate. Mais le regard vif et perçant trahit son esprit et son intelligence.
Malgré sa modestie, Henri de Meuron fait bénéficier largement la société neuchâteloise de ses connaissances encyclopédiques. Il est ainsi l’un des principaux acteurs de la vie intellectuelle neuchâteloise de la fin du 18e siècle. Grâce à son érudition et à ses connaissances bibliophiliques, il dote la Bibliothèque de Neuchâtel d’un fonds d’une grande qualité et valeur scientifiques. Soucieux de diffuser le plus largement possible le savoir de l’époque et de ne pas le réserver à une élite intellectuelle, il fonde avec quelques amis une Société de lecture en 1802. Son civisme pratique et sa philanthropie inspirée des Lumières le poussent à s’impliquer dans le développement social et économique de Neuchâtel. Il est ainsi parmi les fondateurs de deux sociétés d’utilité publique, la Société d’émulation patriotique (1791) et la Société du Jeudi (1802).
Schlup, Michel, « Henri de Meuron, pasteur, professeur et bibliothécaire (1752-1813) », in : Biographies neuchâteloises, tome II, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1998, pp. 205-209.
Schlup, Michel, « La lecture et ses institutions dans la principauté de Neuchâtel au tournant des Lumières », Revue française d’histoire du livre, 1987, pp. 347-384.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome II, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1991, pp. 351-352.
Volorio Perriard, Myriam, « Meuron [de] », in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS).