Jusqu’à la fin du 19e siècle, voire jusqu’au milieu du 20e siècle, la majeure partie des déchets sont réutilisés ou revendus. La remise en valeur des rebuts fait le lit de toute une série de petits métiers comme les chiffonniers, les magnins ou autres artisans ambulants.
Quant aux ordures ménagères, accompagnées de scories de bois ou de tourbe, elles sont collectées et utilisées pour l’agriculture. En 1913, la ville de La Chaux-de-Fonds doit abandonner cet usage à cause de la présence croissante de résidus de houille de chauffage. Le tri étant jugé trop onéreux, ces déchets sont placés dans des décharges venant combler nombre de dépressions aux alentours de la ville.
Ainsi, c’est plus le changement de nature des déchets que leur augmentation qui provoque une évolution dans leur traitement. Par soucis d’hygiène et à cause de l’urbanisation croissante du début du 20e siècle, la ville se doit d’améliorer l’organisation du ramassage des ordures.
Cette photographie présente, en plongée, deux personnes en train de vider les seaux à ordures dans un tombereau attelé à deux chevaux. Vu le cadre hivernal, les bêtes sont couvertes et deux autres hommes en roulière équipé d’une sorte de piochard sont probablement en train de débarrasser la chaussée de sa glace.
La lettre « M » visible sur l’un des seaux laisse à croire que ceux-ci sont conformes au règlement de 1920 qui stipule qu’ils doivent être en métal et avoir les initiales de leur propriétaire ; les seaux en bois devant être confisqués.
Le tombereau est doté d’un couvercle rabattable de chaque côté. Ce matériel a remplacé dès 1907 les anciens chars imparfaitement couverts par des bâches et qui laissaient échapper quantité de poussière.
Le ramassage des déchets à l’aide d’un convoi attelé, pour complexe qu’il puisse être surtout en hiver, est effectué chaque matin. On ne sait combien d’attelages sont nécessaires pour assurer cette tournée quotidienne. La commune intègre dans son règlement de police l’obligation d’utiliser des seaux en métal et l’obligation de rentrer son seau aussitôt la tournée faite.
L’organisation du ramassage des ordures a connu son lot de bouleversements motivés par des considérations hygiénistes puis écologiques. Celles-ci ont provoqué la couverture des tombereaux, la réintroduction du compostage dans les années 50 et l’ouverture de la centrale d’incinération des déchets en 1973.
Cop, Raoul, Histoire de La Chaux-de-Fonds, Hauterive : éd. G d’Encre, 2006 (2e éd.), p. 326-327.
Collectif, La Chaux-de-Fonds 1944 : Documents nouveaux publiés à l’occasion du 150e anniversaire de l’incendie du 5 mai 1794, La Chaux-de-Fonds, 1944, p. 115-117.
Rapport du Conseil communal au Conseil général sur la gestion et la comptabilité, 1907 et 1920.