La construction de l’église catholique Notre-Dame de Neuchâtel, dite Eglise-Rouge, a été précédée d’une longue phase de préparation. Le choix du site s’est d’abord révélé compliqué et les discussions entre la paroisse catholique et les autorités de la ville, commencées en 1886, n’aboutissent qu’en 1897. Si le terrain est mis à disposition par la Ville, les catholiques veulent édifier leur église par leurs propres moyens et la récolte du financement nécessaire ne se fait pas sans mal. Les travaux de terrassement commencent le 28 mai 1897, mais doivent s’interrompre momentanément durant l’été 1898 pour laisser la place au Tir fédéral prévu à cet endroit. Des difficultés financières retardent encore la reprise des travaux. Ce n’est que le 18 juillet 1899 que les ouvriers reprennent leur ouvrage. Le 23 juin 1900, l’évêque de Lausanne vient à Neuchâtel bénir la pierre angulaire.
Précédé par le curé doyen Jean-Joseph Berset (1835-1909) et un séminariste portant un cierge, l’évêque du diocèse Mgr Joseph Deruaz (1826-1911), coiffé de la mitre et portant la crosse épiscopale, monte par une passerelle couverte d’un tapis sur une estrade aménagée dans le chantier pour y prononcer quelques mots. De part et d’autre, la foule des fidèles et des officiels s’est réunie pour assister à la cérémonie. Quelques murs et quelques pieds de colonnes émergent déjà du sol, dessinant le tracé de la nef.
Dans l’église en construction, la cérémonie de la bénédiction de la pierre angulaire débute vers 14 heures. L’évêque parcours l’édifice en procession, entouré du chancelier de l’évêché, du curé doyen Berset, des curées de Cressier, Fleurier et du Landeron, du père capucin Barnabé de Cocatrix, ainsi que du conseil de paroisse. Les autorités du canton et de la Commune ont envoyé leurs représentants.
La construction de l’Eglise-Rouge marque une étape importante dans la normalisation des rapports entre catholiques et protestants. Si les autorités, tant cantonales que communales, traitent catholiques et protestants sur un pied d’égalité, les mentalités dans la population sont plus lentes à changer. Il faut attendre la naissance de l’œcuménisme et la laïcisation de la société pour que les tensions entre les deux confessions disparaissent complètement.
Callet-Molin, Vincent, Des catholiques en terre protestante, 1806-2006, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 2006, pp. 62-71.
Feuille d’avis de Neuchâtel, 22 juin 1900, 25 juin 1900.