La justice criminelle était l’apanage de 10 cours souveraines dont la plus importante était celle de Valangin. Certains crimes, le plus souvent des atteintes graves à la propriété ou des homicides, étaient punis de la peine de mort. Les condamnés étaient pendus, décapités, roués ou – plus rarement – brulés. Entre 1707 et 1806, parmi les 65 condamnés à mort, 27 furent décapités. La tâche en revenait au bourreau, aussi appelé exécuteur des hautes œuvres. La décollation constitue la peine la plus fréquente à Neuchâtel. Elle est moins cruelle et moins infamante que la pendaison ou le supplice de la roue.
Ayant appartenu au dernier bourreau de Neuchâtel, cette épée est précieusement décorée, indiquant ainsi son caractère officiel. Elle est munie d’un pommeau sphérique en laiton et d’une garde recouverte de cuir. Une fine couche d’or couvre un côté de la lame sur 18 cm après la garde. Un fourreau de cuir protège la lame arrondie à son extrémité. Un bourreau au travail décore la partie supérieure de la lame. Fabriqué à Ravensbourg (Wurtemberg), ce glaive porte une inscription allemande sur ses deux faces : « Die Herren steüren des Unheil, Ich exequire Ihr Endts Urtheil / Wan Dem Sinder wird Abgesprochen das Leben, So wird er mir unter meine handt gegeben » (Les hommes punissent le mal, j’exécute leur jugement ; lorsqu’au pécheur est déniée la vie, il est laissé entre mes mains).
Malgré sa sinistre réputation et sa trace dans la mémoire collective, la peine de mort constitue au XVIIIe siècle une exception. Sur les 1007 condamnations prononcées par les tribunaux neuchâtelois entre 1707 et 1806, seules 65 prescrivent la peine de mort. Bien que les condamnations publiques soient encore un spectacle prisé, les mentalités évoluent sous l’influence des Lumières et le recours à la peine capitale se fait plus rare. Le dernier bourreau de Neuchâtel, François Steinmeyer, meurt en 1847. L’Etat de Neuchâtel rachète alors ses trois glaives. La torture est supprimée en 1815 et la dernière exécution capitale a lieu en 1834. Il faut attendre cependant 1854 pour que la peine de mort soit officiellement abolie.
Henry, Philippe, Crime, justice et société dans la principauté de Neuchâtel au XVIIIe siècle (1707-1806), Neuchâtel, 1984, pp. 393-405.
Histoire du Pays de Neuchâtel, tome II, Hauterive : Ed. Gilles Attinger, 1991, pp. 82-90.
Petitpierre, Jacques, Patrie neuchâteloise, tome II, 1935, pp. 23-26.
Tripet, Maurice, « Recherches sur les exécuteurs des hautes œuvres à Neuchâtel », Musée neuchâtelois, 1890, pp. 280-285 ; 1891, pp. 22-29, 51-55, 61-70.