En France, sous l’Empire, la mode subit l’influence de l’Antiquité : les femmes portent des robes souples et longues, à taille haute. Dès les années 1820, après la Restauration, le romantisme modifie le costume pour l’adapter au nouvel idéal féminin. Délicatesse et mélancolie, modestie et sobriété sont les qualités demandées à la femme, dont le visage au teint pâle, encadré par les boucles de sa chevelure, répond aux exigences de l’esthétique du temps. La taille, auparavant sous les seins, retrouve son emplacement normal ; la jupe s’évase et prend de l’ampleur ; la taille fine est serrée dans un corset et les manches sont bouffantes. Les robes sont faites de soie, ou encore de coton imprimé à la planche ou brodé ton sur ton.
Cette robe du soir en soie violette présente une forme typique de la mode romantique : les épaules tombantes, le décolleté très large et la taille fine engoncée dans un corset. Le bustier à baleines se prolonge en pointe sur le ventre. Les manches longues bouffantes sont dites « manche gigot » en raison de leur forme. Un rembourrage de toile leur donne du volume afin d’augmenter par contraste l’impression de minceur de la taille. Elles sont montées sur des rangs de fronces ou « tuyaux d’orgues ». Afin de conserver son volume, la jupe est soutenue par un ou plusieurs jupons.
Cette robe, portée par une jeune fille neuchâteloise de la famille Rychner, prouve l’influence de la mode française sur les familles bourgeoises de Neuchâtel. Cette nouvelle esthétique romantique constitue une mode contraignante. Elle impose en effet à nouveau le port du corset qui affine la silhouette de manière artificielle. Le grand nombre de jupons, chargés d’amplifier le volume de la robe, engonce les femmes et gène leur déplacement. Dès le milieu du XIXe siècle, la crinoline et son armature rigide augmentent encore l’inconfort des vêtements féminins. Les fillettes se voient elles-aussi imposer ces tenues contraignantes qui les font ressembler à des femmes miniatures.
Seconde peau, histoire de mode… et plus encore, catalogue d’exposition, s.l. : s.n, 2006.
Grau, François-Marie, Histoire du costume, Paris : PUF, 1999.
Laver, James, Histoire de la mode et du costume, Paris : Editions Thames & Hudson, 2003.
Fukai, Akiko, Fashion, Une histoire de la mode du XVIIIe au XXe siècle, Köln : Taschen, 2002, pp. 150-225.