Ces deux pendants peints en 1780 représentent deux membres de la famille DuPasquier. Ils furent exécutés par Jean-Pierre Preudhomme, un peintre neuchâtelois qui acquit une grande réputation de portraitiste en Suisse romande. Le premier représente Pierre-Henri DuPasquier (1752-1811), un indienneur propriétaire de la Fabrique-Neuve de Cortaillod. Cette entreprise fut fondée en 1752 par Jean-Jacques Bovet (1728-1793) et par Claude-Abraham DuPasquier (1717- 1783), le père du modèle. Le succès de l’entreprise a reposé sur une rationalisation de la production, propre à mieux répondre à la demande croissante du marché. La production industrielle d’indiennes nécessitait de puissants capitaux. Le second tableau représente Françoise Charlotte DuPasquier (1756-1822), née Perret, qui épouse Pierre-Henri DuPasquier le 23 janvier 1779.
Pierre-Henri DuPasquier tient dans sa main un carnet d’échantillonnage de motifs, qui célèbre la richesse de son offre commerciale. Du doigt, il pointe une feuille de papier légèrement enroulée sur elle-même, et ornée d’une esquisse de modèle ornemental ; son ton rose évoque une toile de Jouy. De fait, ces motifs rose-vif caractérisent une production majeure de la Fabrique-Neuve de Cortaillod. Entre 1754 et 1763, la vogue de cette teinte amène un quadruplement de la production.
Françoise Charlotte DuPasquier tient dans ses bras Claude-Henri Dupasquier (1779-1844) et apparaît sous les traits d’une mère aimante.
Durant la seconde moitié du 18e siècle, une veine rousseauiste nouvelle empreint un grand nombre de portraits maternels ; la représentation de la femme y souligne l’attachement qu’elle porte à un enfant qu’elle désire élever elle-même, pour assurer son bonheur. La famille DuPasquier ne porte pas d’habits taillés dans des indiennes, mais des atours coupés dans des textiles précieux, marque évidente d’un haut statut social et financier.
Allanfranchini, Patrice, « Jean-Pierre Preudhomme : artiste peintre », in : Biographies neuchâteloises, t. 1, p. 221-224.
Berthoud, Dorette, Les indiennes neuchâteloises, Boudry : Éditions de la Baconnière, 1951.
Bovet, Maurice, « Les toiles peintes neuchâteloise cent ans après la fin des manufactures », in Revue neuchâteloise, n°77, 1977.
Caspard, Pierre, La Fabrique-Neuve de Cortaillod 1752-1854, Paris & Fribourg : Publications de la Sorbonne, 1979.
Dreyer, Alice, Les toiles peintes en pays Neuchâtelois, Neuchâtel & Paris : Delachaux et Niestlé, 1923.
Evard, Maurice, Périple au pays des indiennes, cochenille, garance et vitriol, Chézard-Saint-Martin : Éditions de la Chatière, 2002.
Evard, Maurice, « Toiles peintes neuchâteloises, techniques, commerce et délocalisation », in Nouvelle revue neuchâteloise, n°89-90, 2006.
Riffel, Mélanie, Rouart, Sophie, La toile de Jouy, Paris : Édition Citadelle, 2003.
Rougemont, Gilberte de, La geste des Bovet de Grandchamp, Areuse : Communauté de Grandchamp, 1992.
Support vidéo – Voyage en toile au pays des indiennes, réalisation TVPS.A. Multimédia, Cortaillod : Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, Musée et château de Valangin, Musée des toiles peintes de Colombier, [s.d.].
