La fête des vendanges, qui se déroule actuellement à Neuchâtel la dernière semaine de septembre, trouve son origine dans une manifestation spontanée. A la fin de la journée, les troupes de vendangeurs qui rentraient en ville passaient de cave en cave pour encourager le travail des pressureurs. Des farandoles spontanées se formaient ainsi, certains se grimaient et un esprit de fête soufflait sur la ville, malgré les réprimandes de la Vénérable Classe des Pasteurs. La vendange achevée, les vendangeurs accompagnaient dans un cortège bruyant le dernier char, souvent décoré de fleurs, jusqu’au pressoir.
La scène de vendange que représente Moritz sur cette gravure se déroule entre l’hôtel de ville (à droite) et l’actuel Hôtel communal (à gauche). Ce dernier bâtiment abritait autrefois, au rez-de-chaussée, un pressoir dont on aperçoit la vis en bois. Entrainée par un violoniste, une farandole joyeuse de vendangeurs et de vendangeuses parcourt les rues de la ville. Un personnage masqué et plusieurs enfants accompagnent le cortège. A gauche se trouve une grande cuve dans laquelle on déversait les gerles préalablement foulées à la vigne. De l’autre côté de la rue, l’artiste a figuré un char à brecets chargé de gerles.
Le premier cortège organisé des vendanges a lieu en octobre 1900, rassemblant des groupes humoristiques, des cavaliers et des fanfares. Des bals publics accompagnent l’événement. Un comité se forme et le cortège des vendanges s’organise et s’institutionnalise, attirant un nombre de spectateurs toujours plus grand. Dès 1925, la manifestation adopte le nom de « Fête des vendages » et tend vers un cortège plus structuré et moins hétéroclite : le corso fleuri, encore caractéristique de la fête aujourd’hui, est né. De réjouissances spontanées, la fête est devenue planifiée et organisée.
Allanfranchini, Patrice, La fête des vendanges de Neuchâtel, des origines à l’an 2000, Neuchâtel : Ed. Fête des Vendanges, 2000, pp. 23-29.
Allanfranchini, Patrice, Neuchâtel 1642-1942, Trois siècles d’iconographie, Chézard-Saint-Martin : Ed. de la Chatière, 2005, p. 102 (notice 182).